«Dans un document mémorable que le premier évêque de Gaspé vient d’adresser à son clergé, Mgr François-Xavier Ross demande qu’un effort soit fait pour intéresser à la culture de cette fertile région les fils de cultivateurs qui désertent le sol paternel.»
Le journal Le Bien public (Trois-Rivières) consacre son éditorial du 21 août 1923 – il y a 100 ans – à une lettre pastorale que vient de rédiger l’évêque de Gaspé sur les bienfaits de la colonisation.
«Le malheur est que si nos bons cultivateurs persistent sur leurs terres, les jeunes gens désertent». Conséquence de cet exode: «c’est la terre qui meurt», déplore l’éditeur Joseph Barnard.
Mgr Ross, note-t-il, «s’alarme de la mentalité nouvelle de nos jeunes fils de cultivateurs qui n’aiment plus la terre, et sont pris du désir de fuir vers les villes». Il estime aussi «que notre nationalité a surtout besoin de nombreuses familles agricoles plutôt que des serviteurs de l’industrie étrangère dans les villes canadiennes ou américaines». Enfin, «il supplie son clergé de l’aider dans la campagne entreprise pour garder les nôtres sur la bonne terre du pays».
L’éditorialiste cite plusieurs extraits de la lettre pastorale. «Il ne sera pas dit qu’un peuple va ainsi mourir d’inanition entre nos mains, sans que nous ayons remué ciel et terre pour lui conserver la vie. Nous trouverons assez de fierté chez notre peuple pour qu’il ne se condamne pas librement à n’être toujours qu’un serviteur destiné à enrichir les autres du fruit de son travail d’esclave, sans jamais penser à se créer des foyers indépendants», écrit l’évêque.
Joseph Barnard souhaite que l’appel épiscopal soit entendu «non seulement [dans] l’extrême Est du Québec, mais [dans] toute notre province affligée d’un vent funèbre de désertion».