Ouvert depuis le 31 mars, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges de Montréal est contraint de fermer de nouveau ses portes pour une durée indéterminée. «Le cimetière est dévasté», indique la direction, au lendemain de la tempête de verglas qui s’est abattue sur Montréal et plusieurs régions québécoises.
«Des milliers d’arbres ont été brisés par le verglas et le vent, et tous les chemins du cimetière sont encombrés de branches qui présentent un danger important pour les visiteurs», explique-t-on. De plus, de nombreuses branches «menacent de tomber à tout moment».
On ajoute que le cimetière demeurera fermé tant que le nettoyage des lieux n’aura pas été complété. Les familles ne pourront donc pas aller rendre hommage à leurs défunts durant le congé pascal.
Grève
Le communiqué de presse n’indique pas qui assurera ce nettoyage alors que les deux syndicats qui représentent le personnel du plus grand cimetière au Canada ont entamé une grève, le premier en septembre 2022, le second, celui des employés responsables de l’entretien du terrain, depuis le 12 janvier 2023.
«Nous souhaitons obtenir la collaboration de nos employés en grève afin de procéder au nettoyage du site le plus rapidement possible», indiquent toutefois les responsables du cimetière, une propriété de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal.
En entendant cette invitation, Patrick Chartrand, le président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges (CSN), demeure silencieux un instant, mesure ses mots puis lance que cette demande, «c’est comme accepter que des briseurs de grève viennent faire notre travail».
«Voyons, dit-il, on ne peut quand même pas négocier pour un seul petit groupe de d’employés. Avec les autres, on fera quoi?»
Le président du syndicat est formel. La grève du personnel d’entretien peut se régler très rapidement. «Faites-nous une offre globale à la table de négociations. On va régler une fois pour toutes et ça va être rapide», promet-il. «Nous, on entre au travail dès qu’on a une convention collective.»
Patrick Chartrand est conscient que la tempête de verglas a dévasté le lieu où il œuvre depuis trente ans maintenant. «Ce n’est pas beau du tout», dit-il. «Raison de plus pour qu’on s’assoit ensemble et qu’on règle le conflit.»
Il se demande si la tempête de verglas du mercredi 5 avril aurait pu faire plus de dégâts que celle de 1998. «Lors de la crise du verglas, on avait une équipe d’émondeurs. Mais ces dernières années, en raison des coupures, on l’a mise de côté. Si on délaisse l’entretien des arbres, c’est certain que la situation empire.»
Repos Saint-François d’Assise
Second cimetière catholique de Montréal, le Repos Saint-François d’Assise a lui aussi été affecté par le verglas. «Mais les cimetières de la montagne ont davantage souffert», reconnaît volontiers Élise Briand, la directrice du service à la clientèle.
Néanmoins, plusieurs arbres ont subi des dommages. «Beaucoup de branches sont tombées et le nettoyage du site prendra plusieurs jours. On a de l’ouvrage devant nous pour remettre le site sécuritaire», dit-elle.
Durant l’année, le personnel de ce cimetière montréalais «fait un peu d’entretien des arbres». Mais on fait aussi appel à des émondeurs professionnels, explique-t-elle. «Avec ce qu’on vient de connaître, disons que les émondeurs ne seront pas disponibles pour un moment. De notre côté, on a entrepris un gros ménage.»
L’accès du site sera donc «limité pour des raisons de sécurité». Mais la fermeture complète n’est pas envisagée. «Les mausolées sont ouverts au public et nous continuerons à servir les familles pour les inhumations», dit Élise Briand.