L’historien, journaliste et diplomate Jean-Louis Roy accepte un nouveau défi.
Celui qui a été directeur du quotidien Le Devoir, délégué général du Québec à Paris, secrétaire général de la Francophonie et président-directeur général de Bibliothèque et Archives nationales du Québec devient porte-parole et ambassadeur institutionnel de la Fondation des archives religieuses du Grand Montréal (FAR).
«Son regard d’historien et d’auteur prolifique, sa vaste expérience de la communication et sa connaissance du milieu archivistique font de lui un ambassadeur d’une très grande valeur», estime le frère Ronald Brissette, le président de cette fondation qui entend protéger et conserver dès 2025, dans un bâtiment patrimonial de Longueuil, les archives, objets et documents historiques de quatorze communautés religieuses de la région montréalaise.
«J’ai vécu la première partie de ma vie professionnelle dans les centres d’archives», rappelle Jean-Louis Roy. Dès la fin des années 1960 et au début des années 1970, ses recherches le menaient souvent vers des archives non classées.
«J’écrivais alors sur l’histoire sociale du Québec et je découvrais que le manque d’archivistes et l’absence de politiques sur la conservation des archives faisaient en sorte que des pans de notre histoire risquaient de disparaître».
Cinquante ans plus tard, l’historien qui à l’époque rédigeait sa thèse de doctorat sur le libraire et patriote Édouard-Raymond Fabre, se préoccupe dorénavant du sort des archives des communautés religieuses du Québec.
«Dans peu de temps, la plupart des communautés religieuses ne seront plus avec nous», dit-il. «On fera quoi avec l’immense héritage que ces générations d’hommes et surtout de femmes vont nous laisser?»
Une histoire à raconter
Ces archives sont déjà incontournables pour quiconque veut écrire et comprendre l’histoire de l’éducation au Québec, celle des hôpitaux ou encore celle des œuvres sociales.
Mais les archives des congrégations religieuses d’ici, qu’elles aient été fondées au Québec ou qu’elles soient venues d’Europe, peuvent offrir, si elles sont accessibles, une documentation impressionnante sur plusieurs autres thématiques. Il mentionne notamment les familles spirituelles dont font partie ces communautés, l’architecture locale – «tant de bâtiments sont liés à des communautés» – les relations internationales, avec tous ces missionnaires d’ici partis à l’étranger, ainsi que le monde de l’édition où tant de religieux et de religieuses ont œuvré.

«C’est aussi l’histoire faite par les femmes» que révèleront ces documents et objets qui font partie des archives d’une quinzaine de congrégations que l’on souhaite regrouper. «On se plaint depuis 40 ans que l’histoire est écrite par les hommes. Voici une histoire écrite par les femmes», dit Jean-Louis Roy.
«Tout cela sera perdu si on ne s’en occupe pas maintenant», assène alors l’ex-patron de BAnQ.
Un trésor
Jean-Louis Roy n’a donc pas hésité longtemps avant d’accepter de devenir ambassadeur de la Fondation des archives religieuses du Grand Montréal. «Les plans sont magnifiques», dit-il du projet de réaménagement, à Longueuil, de l’ancienne maison du maire Louis-Édouard-Morin (1830-1905) devenue en 1995 la Maison de prière Notre-Dame, une œuvre de la Congrégation de Notre-Dame.
Les travaux qu’on effectuera en 2023 et 2024 dans ce bâtiment de la rue de Normandie à Longueuil nécessiteront des investissements de 20 M$.
Prêtes fin 2024, les nouvelles installations permettront «à la fois la conservation des collections, l’aménagement d’une vitrine muséologique, des espaces de diffusion et de recherche, ainsi que des espaces administratifs». Actuellement, 14 congrégations religieuses (10 féminines, 4 masculines) sont membres de la Fondation des archives religieuses du Grand Montréal.
«Si tout va comme prévu», fin 2024 ou début 2025, cette maison sera accessible aux chercheurs et au public, se réjouit Jean-Louis Roy.
«C’est un trésor auquel nous aurons tous et toutes accès», lance-t-il au moment de clore l’entrevue.