«Le tremblement de terre qui a éprouvé le Japon, samedi (le 1 septembre 1923), n’a pas de pareil dans l’histoire de ce pays. Il a causé une destruction épouvantable et des pertes de vies en nombre fort élevé», raconte, trois jours plus tard, un article du quotidien Le Soleil.
Il s’agit du «plus grand désastre de l’histoire», annonce le journal à sa une du mardi 4 septembre 1923, il y a 100 ans. On compterait un demi-million de morts et de blessés tandis que les pertes matérielles sont estimées à 4 ou 5 milliards de dollars. Les villes de Tokyo et de Yokohama ne «sont plus qu’une masse de ruines» en raison des incendies qui se sont déclarés en plusieurs endroits dans ces deux villes.
«Un raz-de-marée, qui a emporté à la mer des centaines de maisons, suivit la secousse. Ensuite vint un typhon qui ajoute au tragique de la situation qui peut être considérée comme la plus grande des calamités modernes», ajoute le journal.
Le pape Pie XI a transmis, «par l’intermédiaire du délégué apostolique à Tokyo, un message de vive sympathie à la famille impériale, au gouvernement et au peuple du Japon». Le roi George V a fait de même.
Missionnaires
Le mardi 4 septembre, tous les médias présentent le désastre qui afflige le Japon. Mais dans un bloc-notes publié à la une, Le Devoir s’inquiète de la sécurité des missionnaires présents dans ce pays.
«Il y a au Japon des missionnaires catholiques, hommes et femmes, en assez grand nombre, bien que la plupart ne soient pas dans la région qui paraît avoir souffert du tremblement de terre et du raz-de-marée formidable qui l’a suivi. On aura sans doute des nouvelles d’eux ces semaines-ci.»
«De ces missionnaires, un certain nombre sont canadiens-français. Leur origine, jointe à leur caractère, est une double raison de s’inquiéter de ce qu’ils sont devenus. Une chose est certaine: c’est que si les missionnaires catholiques ont échappé à la mort, ils seront, ils sont déjà au nombre des hommes et des femmes les plus dévoués envers les sinistrées.»
Ce bloc-notes est signé par Georges Pelletier (1882-1947), le secrétaire de rédaction du Devoir depuis 1915 et le futur directeur du quotidien.