Le quotidien L’Action catholique du lundi 28 mai 1923 annonce que Mgr Georges Gauthier (1871-1940), alors administrateur apostolique du diocèse de Montréal, «a adressé au clergé de ce diocèse une lettre circulaire lue, hier, dans nos églises, et dans laquelle il signale l’émigration comme un danger sérieux».
L’évêque auxiliaire, qui vient d’être nommé coadjuteur avec droit de succession, «s’alarme à juste titre de ce mouvement de nos familles canadiennes-françaises vers les États-Unis» et «signale le fait que dans les onze diocèses de la province de Québec, 2 563 familles ont quitté leur paroisse et, de ce nombre, 14 060 individus sont passés aux États-Unis».
Dans sa lettre, Mgr Gauthier vante le résultat obtenu par les sociétés de colonisation. «Il souhaite que dans les catéchismes et les écoles on prémunisse les enfants contre le désir de chercher fortune dans une terre étrangère».
Incendie à Sainte-Agathe
«Une conflagration détruit pour 500 000 $ de propriétés à Sainte-Agathe», titre à la une La Presse du lundi 28 mai 1923.
«L’incendie se déclare un peu après trois heures, samedi après-midi, dans le hangar de Napoléon Marinier, rue Principale, et vers cinq heures, lorsqu’on eut réussi à le maîtriser, il avait jeté 82 familles sur le pavé, détruit nombre d’établissements de commerce, sans compter les meubles et effets personnels», explique-t-on.
Sainte-Agathe, «cette jolie reine des Laurentides qui attire les touristes et les amateurs d’air sain et vivifiant chaque année», offre dorénavant «un spectacle lamentable».
Heureusement, les secours s’organisent rapidement tandis que «deux assemblées publiques ont été tenues et déjà les dons commencent à arriver». Les familles ayant tout perdu ont trouvé «refuge dans les principaux édifices publics et religieux, ainsi que chez des particuliers charitables». Le curé de Sainte-Agathe, Jean-Baptiste Bazinet, a été nommé président honoraire du comité de secours.
On explique qu’au plus fort de l’incendie, ce prêtre-curé, «afin de conjurer le désastre qui s’annonçait, promena le Saint-Sacrement par les rues de la ville, aux endroits les plus menacés, puis les fidèles se rendirent à l’église, implorer la protection de Dieu». Les flammes ne furent maîtrisées que vers 18 heures, devant le couvent des Sœurs de la Sagesse, un bâtiment situé près de l’église.