Henri Bourassa, le directeur du quotidien Le Devoir, signe un long texte à la une de l’édition du lundi 11 juin 1923. Dans un texte intitulé Nouvelle parole du pape, il reprend des extraits d’une allocution récente de Pie XI sur la situation européenne. Il note que le pape «semble presque désespérer du salut du monde».
«L’Europe n’est pas exempte de maux graves et multiples», a déclaré Pie XI lors d’une toute récente allocution consistoriale, il y a cent ans. «Des peuples de vieille civilisation, et qui sont à la tête de la civilisation, sur le continent et dans les grandes îles, se débattent et se déchirent en des luttes fratricides et épuisantes, entraînant des dommages réciproques et immenses, de tous ordres et de toute espèce, pouvant être une cause de dommages considérablement plus graves pour l’Europe tout entière et pour la société humaine.»
«Le Saint-Père, on le voit, persiste à mettre l’intérêt général de l’Europe et du monde au-dessus des intérêts particuliers d’un peuple ou d’une nation», écrit le directeur du Devoir. «Nous trouvons là, pour notre humble part, un nouvel encouragement à maintenir une attitude qui nous a valu, pendant la guerre et depuis, maints désagréments et des flots d’injures de la part de ceux qui s’obstinent à lier les intérêts de l’Église au sort de la France, de l’Angleterre ou de tout autre pays, et à leurs prétentions, justes ou injustes.»
Les remarques papales, fait toutefois observer Henri Bourassa, «ne s’adressent pas qu’aux nations et peuples d’Europe». Elles concernent aussi le Canada.
«Ce devoir d’union et de concorde s’impose impérieusement à tous les catholiques du Canada», écrit-il. «Trop longtemps et trop souvent les conflits de race et de langue, les rivalités d’influence, d’ambition, de vanité, d’intérêts cupides, dans les affaires, dans la politique, et faut-il le dire? hélas! dans l’Église même, ont fait des rivaux ou ennemis des frères par la foi, des groupes ethniques qu’auraient dû joindre étroitement l’unité de croyance et la communauté de malheurs et de souffrances.»
«Ces querelles, déplore-t-il, ont entravé l’action apostolique de ceux des nôtres qui voudraient ou devraient se vouer aux soins des immigrants catholiques qui nous arrivent de toute part, parlant toutes les langues, se rattachant aux rites les plus divers.»
L’Église Unie du Canada
À la une de La Tribune du mardi 12 juin 1923, une dépêche de la Presse canadienne annonce que lors de l’assemblée générale de l’Église presbytérienne au Canada, un vote a été tenu concernant l’union de cette Église avec deux autres Églises protestantes présentes au Canada. On indique que 426 délégués ont voté en faveur de l’union des trois Églises protestantes en une seule. Les délégués qui ont voté contre sont au nombre de 129. a nouvelle Église prendrait le nom d’Église Unie. Le rédacteur de la dépêche mentionne que cela fait 20 ans qu’il y a des négociations afin d’unir les presbytériens, les méthodistes et les congrégationalistes canadiens.
(L’Église Unie du Canada naîtra officiellement le 10 juin 1925. Toutefois, seules 70 % des paroisses de l’Église presbytérienne au Canada vont intégrer cette union.)