Une pétition sur le droit de porter des signes religieux à l’école a mis le feu aux poudres la semaine dernière. C’est après que le Collège citoyen de Laval a demandé à une élève de mettre «adéquatement» son voile. La directrice de l’établissement avance que cet avertissement a été «déformé» et tient au respect des règles en vigueur dans son école.
La pétition note que: «À partir du 11 septembre 2023, tout élève vêtu de n’importe quel symbole religieux (à savoir que cela comprend le port de la croix, tout comme le port du hijab/voile, par exemple) sera renvoyé de l’école s’il refuse de l’enlever.»
Mise en ligne le 6 septembre, la pétition a déjà recueilli près de 6900 signatures dimanche. Elle précise aussi que: «Ceux-ci sont même allés jusqu’à personnellement aller voir des élèves voilées et d’autres portant la croix pour les avertir que s’ils ne les enlevaient pas d’ici le vendredi 8 septembre, ils seraient exclus de l’école.» La pétition proviendrait des parents d’élèves de l’établissement. «Faux», rétorque la direction sans toutefois prouver d’où elle émane.
Myriam Stephens est la directrice générale de cette école secondaire privée. Présence l’a rencontrée lors de la journée portes ouvertes tenue samedi. Elle a reconnu qu’une jeune fille voilée a été approchée par sa direction de niveau pour lui faire remarquer qu’elle «ne portait pas adéquatement» le voile.
Dans l’école, l’élève qui ne porte pas de façon appropriée son uniforme, peu importe la pièce de vêtement, mériterait des sanctions. «Et c’est comme ça que c’est arrivé», précise Mme Stephens. Elle estime que les faits ont été mal présentés. Ce qui explique, selon elle, la fâcheuse tournure prise par les événements sur les réseaux sociaux.
Respect des règles
Si la directrice se réjouit d’avoir rencontré des parents «très collaborateurs et très compréhensifs», elle répète que le port des signes religieux doit être conforme aux règles en vigueur.
«Avoir le voile noir» et bien l’attacher au cours d’éducation physique et durant le cours de science pour qu’il «ne prenne pas feu.» Ce sont quelques-unes des recommandations énumérées.
Mme Stephens a affirmé n’avoir rien contre le voile et a montré à Présence la photo d’une finissante qui l’a porté. «Donc croire qu’on interdit les signes religieux ou que c’est une nouvelle règle, je ne peux pas vous dire qui a lancé la rumeur.» Elle spécifie qu’il s’agit d’un «encadrement» et non d’une «interdiction»
À en croire la directrice, l’école procède chaque année à une vérification de l’uniforme scolaire. Dans le cadre de la rentrée scolaire, des élèves peuvent souhaiter porter des signes religieux ou autres.
«Nous on appelle ça faire une demande de dérogation, c’est-à-dire qu’on invite les parents à faire la demande», indique Mme Stephens.
Réactions de parents
Durant la journée portes ouvertes de l’établissement, Présence a demandé aux parents d’élèves leurs avis sur la polémique.
«La mesure touche un peu l’ensemble, même mettre une croix demande une autorisation. Donc c’est la même chose pour tout le monde, c’est la même règle pour tout le monde, on ne peut pas dire que c’est une question de racisme», juge Viara, dont les deux enfants fréquentent l’école.
«Il n’y a rien de grave parce qu’on a la possibilité de juste signer une feuille pour une demande de dérogation», se rassure une visiteuse. «Moi je suis athée, ce débat ne me dérange pas», avoue un autre parent.
Comme cette année, le Collège citoyen fera la vérification de l’uniforme scolaire la rentrée prochaine.
«Nos règles sont là, elles sont conformes et on s’assure que nos élèves les respectent. On fait preuve de bienveillance dans tout ça», réitère Mme Stephens.