Dès son arrivée à Québec, le mercredi 27 juillet 2022, le pape François a renouvelé sa demande de pardon et exprimé sa honte et sa douleur «pour le mal que de nombreux chrétiens ont commis contre les peuples autochtones».
En présence de la gouverneure générale Mary Simon et du premier ministre Justin Trudeau, dans la salle de bal de la Citadelle de Québec, le pape François a reconnu que les pensionnats ont fait partie de ces «politiques d’assimilation qui ont détruit de nombreuses familles autochtones, en compromettant leur langue, leur culture et leur vision du monde».
«Dans ce système déplorable, promu par les autorités gouvernementales de l’époque, qui a séparé de nombreux enfants de leurs familles, diverses institutions catholiques locales y ont été impliquées», a-t-il reconnu.
«C’est pourquoi j’exprime honte et douleur et, avec les évêques de ce pays, je renouvelle ma demande de pardon pour le mal que de nombreux chrétiens ont commis contre les peuples autochtones. Pour tout cela, je demande pardon.»
Avant que le pape ne prenne la parole, le premier ministre Justin Trudeau a insisté sur l’importance de la famille et a déploré que le système des pensionnats ait précisément brisé tant de familles. «La famille, c’est la première chose qui a été enlevée aux enfants qui ont été envoyés dans les pensionnats autochtones», a-t-il rappelé. Ce système, auquel a participé l’Église catholique, a «privé de leur langue, leur culture et leur identité» des générations d’Autochtones.
Il a aussi noté que c’est depuis 2015, au moment de la présentation du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, que des excuses lui sont réclamées «pour le rôle que l’Église catholique romaine, comme institution, a joué dans les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants autochtones ont subi dans les pensionnats dirigés par l’Église».
«Cette semaine, vous avez reconnu les sévices que les Premières Nations ont subis dans les pensionnats pour Autochtones et qui ont entraîné la destruction de leur culture, des pertes de vie et les traumatismes qu’ils éprouvent encore dans toutes les régions du pays.»
«Vous aurez eu un énorme impact», a déclaré le premier ministre canadien.
Des actions attendues
La gouverneure générale Mary Simon a indiqué «avoir hâte de connaître les actions qui seront prises par l’Église pour poursuivre ce travail essentiel [de réconciliation]».
Dans son allocution, le pape a assuré qu’après avoir admis «nos fautes», l’Église et la société doivent «promouvoir les droits légitimes des peuples autochtones et favoriser des processus de guérison et de réconciliation entre elles et les non-autochtones du pays».
«Le Saint-Siège et les communautés catholiques locales nourrissent la volonté concrète de promouvoir les cultures autochtones, avec des chemins spirituels appropriés et adaptés, qui comprennent également l’attention aux traditions culturelles, aux coutumes, aux langues et aux processus éducatifs propres, dans l’esprit de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones», a-t-il déclaré.
«Notre désir est de renouveler la relation entre l’Église et les peuples autochtones du Canada, une relation marquée à la fois par un amour qui a porté d’excellents fruits et, malheureusement, par des blessures que nous nous engageons à comprendre et à soigner.»
Plusieurs observateurs ont dit espérer que lors de la messe célébrée à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, le pape précisera les engagements que prendront les «communautés catholiques locales», les congrégations religieuses et les diocèses canadiens en faveur de la réconciliation.