La frappe meurtrière perpétrée le mardi 17 octobre contre l’hôpital al-Ahli de Gaza suscite de fortes réactions dans le monde entier. La communauté anglicane est particulièrement secouée par cet attentat puisque cet hôpital de 80 lits est sous la responsabilité du diocèse épiscopalien (anglican) de Jérusalem, une information que peu de médias ont relayée jusqu’à présent.
Déplorant «une perte effroyable et dévastatrice de vies innocentes», l’archevêque de Cantorbéry et le primat de l’Église d’Angleterre, Justin Welby, dans le réseau social X (anciennement Twitter), a rappelé que cet hôpital est géré par l’Église anglicane et exigé la «protection des civils dans cette guerre dévastatrice».
Quelques heures avant qu’il n’apprenne ce bombardement, le chef spirituel de la Communion anglicane, accompagné d’un rabbin et d’un imam, appelait les Britanniques à s’unir afin de lutter «contre toutes les formes de préjugés, contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie.
Le 13 octobre, l’archevêque de Cantorbéry avait déploré que «plus de deux millions de civils à Gaza, dont la moitié des enfants, sont confrontés à une catastrophe» et avait déclaré prier spécifiquement pour les personnes soignées à l’hôpital arabe anglican al-Ahli de Gaza et pour «tous ceux qui s’occupent des blessés, qui ont besoin de fournitures médicales et de carburant pour les groupes électrogènes».
Chaque vie est sacrée
«Malgré toute la douleur et la frustration suscitées par les clameurs visant à accuser à tort Israël de la perte horrible de vies palestiniennes à l’hôpital al-Ahli de Gaza, ne perdons pas de vue ce qui est avant tout une tragédie humaine des plus épouvantables», a réagi mardi le grand rabbin du Royaume-Uni, Ephraïm Mirvis.
«Chaque vie est sacrée», a-t-il ajouté, assurant avoir déjà offert ses condoléances à Mgr Hosam Naoum, l’archevêque anglican de Jérusalem.
Dans une déclaration qu’elles ont fait parvenir aux médias tout juste après l’annonce de «l’attaque brutale contre notre hôpital lors de frappes israéliennes», les autorités du diocèse épiscopalien de Jérusalem ont condamné «avec la plus grande fermeté» cet attentat qualifié de «crime contre l’humanité».
«Les premières informations font état de la perte d’un nombre incalculable de vies, une manifestation de ce qui ne peut être décrit que comme un crime contre l’humanité. Les hôpitaux, selon les principes du droit humanitaire international sont des sanctuaires mais cet assaut a transgressé ces limites sacrées.»
Rappelant que «Gaza reste dépourvu d’abris sûrs», la déclaration du diocèse anglican ajoute que cette «attaque odieuse contre notre personnel dévoué et nos patients vulnérables» mérite «une condamnation internationale et un châtiment».
Le diocèse demande à la communauté internationale de s’acquitter «de son devoir de protéger les civils et de veiller à ce que de tels actes inhumains et horribles ne se reproduisent plus».
L’archevêque Hosam Naoum doit tenir une conférence de presse à Jérusalem le mercredi 18 octobre.
Son diocèse compte 7000 anglicans qui se rassemblent dans 28 congrégations en Jordanie, en Palestine, au Liban, en Syrie et en Israël. Le personnel diocésain gère deux hôpitaux, soit Saint-Luc, à Naplouse, en Cisjordanie, et al-Ahli, à Gaza. Dans le site Web du diocèse épiscopalien, ce dernier hôpital est décrit comme «un havre de paix au milieu de l’un des endroits les plus troublés du monde».
Onde de choc au Canada
Adriana Bara, la directrice canadienne de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA), se dit attristée et bouleversée par cette attaque. Et pour cause. Son organisme appuie financièrement, et depuis maintenant près de 15 ans, différents projets menés par la direction et le personnel d’al-Ahli.
«Nous sommes ici tous très tristes. Mais, je vous assure que nous allons continuer d’aider cet hôpital. Les besoins auxquels il fait face, et encore plus depuis hier, sont immenses», dit-elle en entrevue téléphonique.
«Dès 2009, nous avons aidé à la reconstruction de l’hôpital après des dommages mineurs et nous avons ensuite financé des programmes psychosociaux destinés aux mères et à leurs enfants.» Encore aujourd’hui, l’organisme y appuie des programmes pour les personnes âgées.
La directrice nationale de CNEWA Canada estime que son organisme et ses partenaires européens ont versé plus de 2 M$ à cet hôpital depuis 2009.
Elle révèle que, durant quatre années, CNEWA a même «aidé à l’installation d’un système d’énergie solaire soutenu par des batteries qui fournissent 95% des besoins en électricité» que requiert cet hôpital de Gaza.
«Nous pouvons honnêtement affirmer que, grâce à CNEWA, cet hôpital était devenu une institution solide et économiquement stable», dit-elle, toujours sous le choc depuis qu’elle a appris la nouvelle de son équipe au Moyen-Orient.
CNEWA, qui a des bureaux à Jérusalem, en Jordanie et au Liban, va s’assurer de faire connaître les nouveaux besoins exprimés par les dirigeants de l’hôpital al-Ahli de Gaza.