«Nous demandons au gouvernement du Nicaragua de revenir sur sa décision arbitraire de prendre le contrôle de l’Université d’Amérique centrale et de ses actifs et de rétablir le statut juridique des jésuites du Nicaragua», réagit Ottawa à l’appel des Jésuites du Canada.
Affaires mondiales Canada répondait ainsi à la question de Présence sur la lettre que les Jésuites du Canada ont adressée au premier ministre, Justin Trudeau, et à sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
Ils demandaient au gouvernement canadien de dénoncer, entre autres, la confiscation de l’Université d’Amérique centrale à Managua, au Nicaragua, et la révocation du statut juridique de leurs membres par le régime nicaraguayen. Une décision qu’ils qualifient de «grave injustice» et invitent M. Trudeau à contribuer au dénouement de la crise.
«Nous vous demandons urgemment d’exiger du gouvernement nicaraguayen de revenir sur sa décision illégale de prendre le contrôle de l’UCA et de ses actifs, de rendre l’UCA à son ancienne administration, de libérer l’évêque Àlvarez et de rétablir le statut juridique des jésuites», écrit, dans sa lettre, Erik Oland, supérieur provincial des Jésuites du Canada.
Il fait part de sa «profonde inquiétude» et plaide en faveur des libertés et droits fondamentaux afin de permettre «une discussion publique sur l’avenir du Nicaragua.»
«Sans condition et sans délai»
Ottawa apporte son soutien aux jésuites, tout en lançant un appel pressant au pouvoir en place au Nicaragua en vue d’une sortie de crise.
«Nous exhortons le régime à cesser toute violence à l’encontre de sa population et à relâcher les prisonniers politiques sans condition et sans délai», nous a répondu par courriel John Babcock, porte-parole à Affaires mondiales Canada.
Le gouvernement reproche au régime de Daniel Ortega d’afficher «une feuille de route déplorable en matière de respect des droits de la personne, dont les droits politiques et la liberté d’expression.» Il réitère que la liberté de religion s’avère aussi un élément important dans les sociétés libres et démocratiques.
«Le Canada, avec ses partenaires internationaux, est proactif sur la scène internationale, plus particulièrement à l’Organisation des États américains et au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, et tente d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise au Nicaragua», ajoute M. Babcock.
Accusations
Le régime de Daniel Ortega justifie ses mesures en accusant les jésuites d’être des «terroristes» et d’avoir soutenu les manifestants qui exigeaient sa démission. Il considère l’Université d’Amérique centrale comme «un centre de terrorisme».
Erik Oland, le supérieur provincial des Jésuites du Canada, rejette catégoriquement ces allégations.
«Le domaine de l’université qui est très ouvert et vaste se prête à un espace pour faire des manifestations. Les jésuites n’hésitent pas à inviter ou permettre aux gens d’y tenir leurs manifestations. C’est ça que le gouvernement ne voulait pas», révèle à Présence le responsable jésuite.
Erik Oland souligne que ces manifestations visent à dénoncer la pauvreté et les injustices.
«Notre mission est fortement liée à la justice sociale non seulement par l’action, mais aussi par des études formelles sur la sociologie politique. Ainsi, nous publions des choses sur ce que le gouvernement devrait améliorer», explique-t-il.