Plusieurs leaders religieux canadiens ont souligné, par des déclarations, le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. D’autres ont indiqué à Présence qu’ils ne commenteraient pas cet anniversaire.
«Le 24 février 2022 est un jour dont tous les Ukrainiens d’Ukraine et du monde entier se souviendront à jamais dans leur vie», estiment l’archevêque Ilarion et l’évêque Andriy de l’Église orthodoxe ukrainienne du Canada (UOCC). «C’est le jour où la Fédération de Russie a lancé une guerre brutale et non provoquée contre l’Ukraine indépendante et contre le peuple ukrainien épris de liberté».
«Mais l’Ukraine n’a pas paniqué devant le monstre russe», écrivent les deux évêques orthodoxes qui qualifient aussi cette guerre de «diabolique». Heureusement, ajoutent-ils, «le peuple ukrainien et son armée se sont héroïquement levés pour protéger leur terre natale et leurs familles de l’asservissement ennemi.»
L’UOCC, liée au patriarcat de Constantinople, rappelle que le peuple d’Ukraine doit se montrer uni. «Ne contribuons pas à la division. Au contraire, essayons de nous soutenir mutuellement en paroles et en actes, et surtout, augmentons nos prières les uns pour les autres.»
«Que le Seigneur tout-puissant accorde la victoire sur les ennemis ainsi que la paix au peuple ukrainien qui souffre depuis longtemps», concluent l’archevêque de Winnipeg et l’évêque de Toronto.
Catholiques ukrainiens
Dans un appel qu’ils lancent à l’occasion de la commémoration du premier anniversaire de l’invasion russe, les quatre évêques catholiques ukrainiens du Canada déplorent que la dernière année ait été marquée par «une cruauté brutale, la destruction, le cynisme et le mensonge» et que chaque jour ait été «une répétition du 24 février 2022, ajoutant aux statistiques amères des pertes et multipliant le chagrin ressenti par beaucoup».
«Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants innocents ont perdu la vie. Beaucoup ont été torturés, détenus dans des prisons et des camps et déportés de force. Des millions de personnes sont obligées d’errer dans le monde entier, ayant tout perdu, pour trouver refuge loin de chez elles. De nombreuses villes et villages ont été effacés de la surface de la terre, ne laissant que des traces dans l’histoire et dans la mémoire de ceux qui y ont vécu», écrivent l’archevêque Lawrence Huculak, les évêques David Motiuk et Bryan Bayda ainsi que l’évêque auxiliaire Andriy Rabiy.
«La guerre nous met au défi de démontrer notre amour pour l’Ukraine, pour sa liberté donnée par Dieu, pour ses droits politiques et humains. La guerre met au défi la sincérité même de notre amour pour notre prochain et pour le Seigneur Dieu», ajoutent-ils.
Ils demandent à «toutes les personnes de bonne volonté de résister fermement à la propagation des maux de la guerre, au meurtre de personnes innocentes et à la destruction de la nation ukrainienne».
Les évêques catholiques ukrainiens sont eux aussi convaincus de la nécessité d’être unis contre «les forces ennemies. «L’issue de cette guerre est cruciale et aura une signification et des conséquences mondiales. Nous prions pour la victoire, qui ne sera obtenue que si nous unissons tous nos efforts.» Ils terminent leur déclaration en demandant à Dieu de bénir «le peuple ukrainien, tant dans sa patrie que dans le monde entier».
«Qu’il accorde à l’Ukraine la victoire sur le mal et la paix.»
Anglicans
L’archevêque Linda Nicholls, la primat de l’Église anglicane du Canada, a tenu à saluer «la résilience et le courage du peuple ukrainien qui a résisté à l’agression non provoquée du président russe». Elle estime aussi qu’au terme de ce conflit meurtrier, «il n’y aura pas de vainqueurs».
«Lorsque cette guerre prendra fin, il faudra des générations pour que les traumatismes et la dévastation soient guéris – en Ukraine, en Russie, en Europe et dans le monde entier», a-t-elle déploré dans une déclaration qu’elle a fait parvenir aux médias le 22 février. «Les trafiquants d’êtres humains se seront attaqués à des personnes vulnérables fuyant la guerre et en auront profité. L’amertume et les rancœurs vivront dans la mémoire des personnes blessées et traumatisées. Le chagrin résonnera et résonnera encore.»
Le vendredi 24 février est un anniversaire qu’on ne doit pas célébrer. C’est plutôt une journée de «souffrance et de deuil». «C’est un jour de prière pour que la justice de Dieu prévale bientôt». C’est un jour de «profonde tristesse» où l’on reconnaîtra «notre incapacité humaine à vivre en paix dans le respect de la dignité de tous».
Pas de déclarations
La Conférence des évêques catholiques du Canada ne fera pas de déclaration officielle à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, a indiqué son secrétaire général, l’abbé Jean Vézina.
«Aujourd’hui, nous nous souvenons dans la prière de tous ceux et celles qui ont subi les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine, y compris les défunts et défuntes ainsi que leurs familles», a-t-il toutefois déclaré. «Conscients et conscientes des conséquences potentiellement catastrophiques d’une nouvelle escalade, et en union avec le pape François, nous continuons également de prier avec ferveur pour la paix.»
L’archevêque Gabriel du diocèse de Montréal et du Canada de l’Église orthodoxe russe hors frontières (EORHF), une Église en communion avec le patriarcat de Moscou, a indiqué à Présence que son diocèse n’émettrait pas de déclaration le 24 février 2023. En août dernier, en réaction aux sanctions du Canada contre le patriarche Cyrille, le chef de l’Église orthodoxe russe, l’archevêque Gabriel avait déclaré que c’était un «mensonge absolu» d’affirmer que cette «opération» militaire n’avait pas été «provoquée» par l’Ukraine. Le conflit entre l’Ukraine et la Russie, «c’est de l’autodéfense, ce n’est pas une attaque», avait alors dit le chef de l’archidiocèse canadien de l’EORHF.
Le père Kyle Parrott, le directeur des communications de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA), une Église reconnue par le patriarcat de Moscou, a indiqué ne pas être au courant de la publication d’une quelconque déclaration à l’occasion du 24 février par l’Église nationale ou ses diocèses situés aux États-Unis et au Canada. L’archevêque Irénée, le chef de l’archidiocèse du Canada de cette Église, n’a pas répondu aux demandes de Présence.
Le Conseil canadien des Églises (CCE), qui regroupe 24 Églises présentes au Canada, n’a pas émis de communiqué ou de déclaration aujourd’hui.
En mai 2022, le CCC avait déploré «la guerre cruelle déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine». «Une déclaration de guerre constitue un échec. L’existence de ce conflit qui s’élargit est un affront à la dignité humaine et une menace à la sécurité mondiale», avait alors indiqué le CCC.