Le président de la branche canadienne de la Société de Saint-Vincent de Paul, Joseph Claude Bédard, vient de remettre sa démission «avec effet immédiat», annonce Pierre Morissette, le vice-président du Conseil national du Canada. Plus tôt cette année, il avait invité les vincentiens à «préserver leur catholicité».
Dans une lettre distribuée mercredi aux membres de cet organisme «de laïcs catholiques unis par leur mission commune de servir des personnes démunies», Pierre Morissette précise que c’est le dimanche 22 janvier que le président national, en poste depuis 2019, a fait part de sa décision.
«Je remercie notre confrère pour son dévouement et son engagement au service du Conseil national durant les dernières années. Il a assuré la présidence dans le contexte de la pandémie, une grande tourmente pour tous les Canadiens et Canadiennes», écrit le vice-président qui ajoute qu’un président intérimaire sera nommé le samedi 28 janvier lors d’une réunion virtuelle du conseil d’administration de la SSVP.
«Une fois de plus, la Société de Saint-Vincent de Paul, sous sa direction, a répondu présente à continuer de servir», ajoute Pierre Morissette.
Sa note n’indique toutefois pas les raisons qui ont motivé le départ «immédiat» de Joseph Claude Bédard. Mercredi, les dirigeants du bureau d’Ottawa de la SSVP et le vice-président du Conseil national n’ont pas répondu aux demandes de commentaires acheminées par Présence.
Vœux pour la nouvelle année
Dix jours avant sa démission, le président Bédard souhaitait à «tous les vincentiens, membres du personnel, bénévoles et bienfaiteurs, une très bonne et prospère nouvelle année, pour vous et votre famille».
Ses vœux étaient précédés d’un appel à «défendre, protéger et préserver notre catholicité dans un monde post judéo-chrétien».
Dans une lettre de deux pages, le président du Conseil national déplore d’abord que des gens, y compris des vincentiens, ont «l’impression erronée que la Société de Saint-Vincent de Paul au Canada n’est pas considérée comme une « société inclusive »».
«Permettez-moi de vous assurer que la Société est et a toujours été inclusive, par le fait que nous servons toute personne qui demande notre aide et notre assistance sans discrimination, en raison notamment de la race, de l’origine nationale ou ethnique, de la couleur, de la religion, du genre, de l’orientation ou de l’identité sexuelle, de l’âge ou d’un handicap mental ou physique», indique-t-il.
«Néanmoins, la Société – la SSVP – était, est et reste une société catholique laïque animée par le Christ et son Église et elle s’engage ainsi à « vivre le message de l’Évangile et servir le Christ à travers les pauvres avec amour, respect, justice et joie ». La Société ne fait pas et ne fera pas, insiste-t-il, de discrimination volontaire et illégale à l’encontre de tout individu ou groupe.»
Idéologies séculaires
C’est là qu’il annonce, en citant le règlement interne de la SSVP, que «les membres de ces groupes ne peuvent pas occuper de fonctions officielles à l’intérieur de la Société». De plus, «une conférence ou un conseil (une équipe locale ou régionale au sein du mouvement) qui tente de faire cavalier seul sera inéluctablement condamné à l’échec et au malheur».
«Nous ne devons jamais adhérer aux idéologies mondaines et séculaires, en particulier parce que nous sommes une société catholique romaine au service des pauvres, des marginaux, des oubliés, des opprimés et des abandonnés», déclare le président Joseph Claude Bédard.
«S’engager sur la voie des idéologies mondaines et séculaires telles que le privilège blanc, la théorie critique de la race, le mouvement Black Lives Matter, les LGBTQIA2S et la dysphorie transgenre, les pronoms préférés, la doctrine du relativisme, l’avortement et le suicide assisté, pour ne citer que quelques-unes des idéologies actuelles, ne peut que nous conduire à une autodestruction totale.»
Ces idéologies promues «par nos gouvernements et les médias de masse» sont fondées «sur des mensonges et des faussetés», dénonce-t-il. De plus, elles «nuisent à la vision du monde biblique judéo-chrétienne dominante, une vision du monde centrée sur Dieu, à laquelle nous adhérons».
Présence a cherché à savoir si la déclaration du 11 janvier du président Bédard avait créé quelques malaises au sein de la SSVP ou encore si elle pouvait avoir précipité son départ. Aucune personne interrogée n’a souhaité commenter l’affaire. Le président démissionnaire non plus.
Il y a exactement un an, la Conférence des évêques catholiques du Canada annonçait la composition de l’équipe dirigeante du Fonds de réconciliation avec les Autochtones. Le président national de la SSVP, Joseph Claude Bédard, en fait partie. Il est nommé membre de cette corporation qui entend recueillir les contributions des diocèses catholiques «afin d’honorer l’engagement financier de 30 millions de dollars pris par les évêques du Canada en septembre 2021».