L’Assemblée nationale du Québec adoptait, le 13 décembre 2002, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Vingt ans plus tard, la société québécoise «reste marquée par d’importantes inégalités socio-économiques», observent les évêques du Québec dans leur annuel Message du 1er mai. Ces inégalités «se sont même creusées» depuis l’entrée en vigueur de cette loi qui entendait «éliminer la pauvreté».
Les évêques catholiques québécois estiment que la célébration de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs est une bonne occasion, cette année, afin «d’interpeller et de sensibiliser le gouvernement et la société civile afin que cette loi soit appliquée de façon plus généreuse et englobante».
«Avec le temps, il semble que ce soient moins la pauvreté et l’exclusion sociale qui seraient disparues de notre horizon collectif, que l’idée même d’une possibilité et d’une volonté de les éliminer! En solidarité avec les organismes communautaires qui luttent pour et avec les personnes appauvries, ranimons la soif de justice sociale à l’origine de ce projet d’élimination de la pauvreté, afin qu’il devienne véritablement notre projet de société», écrivent-ils dans leur Message du 1er mai intitulé Qui donne au pauvre ne manquera de rien.
Rédacteurs de ce message annuel, les neuf membres (six laïcs, trois évêques) du conseil Église et Société de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec reconnaissent que «la hausse des prix heurte de plein fouet, et de façon plus importante, les familles et les personnes seules qui sont déjà dans des situations socio-économiques difficiles», tandis que «les effets de la pandémie de la Covid-19 et les formes de la relance ont par ailleurs rendu les femmes, et plus spécifiquement les mères de famille, plus vulnérables face à l’inflation».
«Dans ce contexte où il devient de plus en plus coûteux de se loger, se nourrir, se vêtir et se déplacer, le nombre de demandes d’aide auprès des banques alimentaires a bondi de 33 % depuis 2019 au Canada.»
Heureusement, écrivent-ils, le gouvernement du Québec a versé à la fin de l’année 2022 une aide d’urgence de 6 M $ aux banques alimentaires. Mais «si elles sont nécessaires, de telles aides ponctuelles ne sauraient toutefois être suffisantes pour transformer en profondeur le système économique qui fait perdurer la pauvreté et l’exclusion sociale». De plus, «des politiques axées sur les effets différenciés de l’inflation sur les personnes les plus vulnérables doivent être envisagées.»
C’est en 1974, il y a donc 49 ans, que les évêques du Québec font paraître leur premier Message du 1er mai, un texte de réflexion centré sur des questions sociales. Cette année-là, le Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec, alors composé de six évêques, déplorait — tout comme dans le message épiscopal de 2023 — «l’augmentation alarmante du coût de la vie» et y voyait «un indice d’une situation économique et sociale détériorée».