Adriana Bara raconte que durant sa récente et brève mission de solidarité en Ukraine, les sirènes d’alerte, celles qui annoncent de possibles bombardements, ont retenti à trois reprises. Deux fois au beau milieu de la nuit et «une autre fois à midi pile», dit la directrice nationale de CNEWA Canada. Comme on le recommande à tous les citoyens de la ville où elle se trouvait, elle s’est précipitée dans le bunker le plus près. «L’attente a duré deux heures, même davantage», dit-elle. Heureusement, aucune bombe n’est tombée.
Mais «les gens sont fatigués, épuisés» par ces longs mois de guerre que connaît leur pays depuis son invasion par la Russie. Plusieurs n’ont plus peur lorsque les sirènes d’alerte aérienne sont déclenchées. Des personnes côtoyées lui ont dit «qu’elles mettent dorénavant leurs vies dans les mains de Dieu».
Quand elle n’était pas à l’abri dans un bunker, Mme Bara a visité les différents projets qu’appuie CNEWA, l’Association catholique d’aide à l’Orient, à Lviv, une ville de l’ouest de l’Ukraine, située à 70 kilomètres de la frontière avec la Pologne. «C’est moins dangereux qu’à Kiev ou qu’à Boutcha», là où se trouvent d’autres projets financés par CNEWA.
À Lviv, «on tente de vivre une vie normale». Mais la souffrance et les marques de la guerre sont très présents, au centre de cette ville mais, surtout, dans l’âme même des personnes déplacées qui y sont accueillies, à Lviv et aux alentours. «Chaque personne que j’ai rencontrée tenait à me raconter son histoire. Toutes, elles avaient des larmes aux yeux parce que chaque famille a perdu au moins une personne à cause de cette guerre», dit, avec émotion, la directrice nationale de CNEWA.
Avec deux autres dirigeants de CNEWA, elle a visité notamment une grande résidence transformée en maison d’accueil de personnes déplacées, bon nombre en provenance des zones occupées de l’est et du sud de l’Ukraine. «La majorité des personnes déplacées sont des femmes et leurs enfants», a-t-elle observé. Elle a pu entrer dans les appartements qu’occupent ces familles. Elles n’ont que le minimum pour survivre dans leur nouveau logement.
La délégation a aussi séjourné dans un monastère tenu par les moines basiliens à Bryukhovychi. «On y accueille 150 personnes, parfois jusqu’à 200 personnes», dit-elle. Elles y sont hébergées durant trois ou quatre mois. «On encourage les gens à se trouver un travail.» Quand ils obtiennent un boulot, ils peuvent alors quitter le monastère et laisser leur place à d’autres déplacés. CNEWA appuie financièrement cette initiative.
Adriana Bara mentionne, de nouveau avec beaucoup d’émotion, un autre projet mis en place par l’Université catholique ukrainienne, une institution liée à l’Église gréco-catholique ukrainienne, le partenaire principal de CNEWA en Ukraine. On y accueille des enfants orphelins ou séparés de leur famille par la guerre ainsi que des enfants déplacés et handicapés. «On a littéralement transformé l’université pour qu’elle réponde aux besoins les plus urgents».
Un projet, financé en partie par les donateurs canadiens de CNEWA, l’a particulièrement ravie. C’est un centre de distribution de vivres établi à Novoyavorivsk, à quelque 35 kilomètres de Lviv. C’est de là que partent des camionnettes remplies de boîtes de nourriture destinées aux personnes vivant proches des zones de guerre. La directrice nationale de CNEWA a vu qu’on déposait dans chacune de ces boîtes de la farine, des conserves, du poisson et des légumes. «Suffisamment pour nourrir deux personnes durant deux semaines», dit-elle. Les responsables lui ont expliqué avoir acheminé quelque 100 000 boîtes à ce jour grâce à l’aide des donateurs canadiens de l’organisme.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, près de 5,7 M$ ont été distribués par CNEWA grâce à la générosité du public. Adriana Bara a pu vérifier que ces sommes sont bien utilisées. «Tous les gens que nous avons rencontrés disent qu’ils vont sortir de cette guerre victorieux».
«On sait que le monde est avec nous», affirment-ils.