Dans une déclaration publiée le mercredi 3 mai 2023, les Jésuites du Honduras s’inquiètent pour la sécurité des membres et du personnel de la Fondation ERIC et de la station Radio Progreso, des organismes dirigés par le père Ismaël Moreno, un jésuite connu au pays mais aussi partout dans le monde sous le nom de Padre Melo. Les deux organismes – dorénavant fusionnés – sont des partenaires de longue date de Développement et Paix-Caritas Canada.
«Depuis quelques mois, ERIC – Radio Progreso subit une série d’attaques à travers les réseaux sociaux et les médias», écrivent deux supérieurs de la Compagnie de Jésus au Honduras. L’organisme a été «victime de menaces et d’extorsion» tandis que ses réseaux sociaux ainsi que le site Web de la station de radio ont été piratés.
«Ismaël Moreno, connu par tous ceux qui l’apprécient comme le Padre Melo, est également victime d’une campagne de désinformation et de menaces», indiquent les jésuites Gregorio Vasquez et German Rosa.
Tous les Jésuites du Honduras et d’Amérique centrale veulent exprimer à leur confrère, par cette déclaration publique, «leur grande affection et leur respect pour son témoignage et sa cohérence dans sa mission auprès des secteurs les plus pauvres et les plus vulnérables» de la société hondurienne.
«Nous réaffirmons que le Padre Melo ne fait qu’accomplir la mission apostolique qui a été confiée aux jésuites par nos supérieurs», ajoutent-ils.
Appui canadien
Le directeur général de Développement et Paix, Carl Hétu, dit aussi s’inquiéter des menaces reçues par le Padre Melo et les organismes du Honduras. «Notre partenaire ne fait que poursuivre sa mission au service des plus pauvres et des plus vulnérables du Honduras».
«La promotion de la liberté d’expression et la défense du droit à l’information sont des droits fondamentaux dans toute société», a-t-il déclaré.
Le jésuite Ismaël Moreno est bien connu au Canada, notamment depuis novembre 2018. Des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) avaient alors inscrit ce prêtre ainsi que les organismes qu’il dirige dans une liste de «52 partenaires [de Développement et Paix], qui, selon des données obtenues en ligne, posaient certaines questions concernant leur respect des enseignements de l’Église». Les évêques canadiens reprochaient à Radio Progreso notamment «d’être davantage un mouvement social progressiste qu’un organisme religieux» qui n’hésite pas, notamment dans ses émissions de radio, à diffuser «des opinions opposées à l’enseignement catholique».
Les Jésuites du Canada s’étaient portés à la défense de leur confrère du Honduras et avaient déploré que l’enquête de la CECC «porte atteinte à la réputation de certaines personnes et organisations, dont plusieurs sont soutenues par leur Église locale, qui risquent souvent leur vie pour défendre les personnes pauvres et marginalisées».
En mars 2021, au terme de trois années d’enquête, Développement et Paix indiquait qu’il n’avait plus «aucune objection à poursuivre la collaboration» avec 20 des 52 partenaires trouvés dans la liste de la CECC. Mais l’organisme refusait de dévoiler quels partenaires allaient dorénavant recevoir son aide financière. Dans ses publications, l’organisme n’hésite plus, depuis 2022, à accoler le terme «partenaire» au Padre Melo ainsi qu’aux œuvres jésuites qu’il anime au Honduras.