À l’occasion du 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, les évêques du Québec seront invités par deux groupes féministes à réfléchir, lors du prochain synode des évêques sur la synodalité, à la construction d’une «Église égalitaire» où la «gouvernance coresponsable clerc-laïque, homme et femme» deviendra une réalité.
«Si l’Église ne cesse pas de discriminer les femmes en son sein, sa parole sera de moins en moins crédible», avertissent Femmes et Ministères ainsi que le Groupe Femmes, Politique et Démocratie dans une lettre ouverte rendue publique lundi soir.
Les deux organismes ont tenu en décembre 2022 un colloque sur le thème «Femmes et gouvernance: mêmes enjeux dans l’Église et dans l’État». Les participantes à cette rencontre, des féministes chrétiennes et des féministes hors de l’Église, ont d’abord reconnu que «la lutte contre le patriarcat religieux, le cléricalisme, est un enjeu social puissant et global» et que les femmes chrétiennes ont trop longtemps mené seules ce combat.
Elles ont aussi rappelé que si l’engagement des femmes dans les sphères politiques a réussi à transformer durablement la société civile, «l’accession des femmes à la gouvernance de l’Église contribuera à faire évoluer le discours et les pratiques religieuses, contribuant ainsi à l’émancipation de toutes les femmes».
Rapports diocésains
Signée par Annine Parent et Thérèse Mailloux, les présidentes respectives du réseau Femmes et Ministères et du Groupe Femmes, Politique et Démocratie, la lettre ouverte s’intéresse au prochain synode des évêques sur la synodalité et aux consultations tenues dans les diocèses. «Le rapport émanant du Québec mentionne que tous les rapports déposés affirment l’importance d’une gouvernance coresponsable clerc-laïque, homme et femme», notent-elles.
Les deux groupes féministes estiment que «la coresponsabilité demeure difficile parce qu’il y a encore trop d’appropriations du pouvoir entre les mains de quelques-uns».
«Il est plus que temps que l’Église écoute et entende la voix des femmes», écrivent les deux présidentes, tout en déplorant qu’«une seule femme aura droit de parole au synode». (Il s’agit de la religieuse xavière Nathalie Becquart, nommée sous-secrétaire du synode des évêques le 6 février 2021.)
Elles disent s’en remettre aux évêques québécois «afin que le cri des femmes que vous avez tous entendu se rende au plus haut niveau».
Depuis le 17 octobre 2022, on sait que deux évêques du Québec représenteront la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) lors de la XVIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques qui se tiendra en deux séances, soit en octobre 2023 et en octobre 2024. Ce sont Marc Pelchat, évêque auxiliaire à Québec, et Raymond Poisson, évêque de Saint-Jérôme-Mont-Laurier, aussi président de la CECC.
Les deux présidentes terminent leur lettre ouverte aux évêques québécois par un appel à lire les «signes des temps» et à rebâtir l’Église catholique.
«Toutes ces voix qui s’élèvent sont un signe des temps. Si l’Église ne cesse pas de discriminer les femmes en son sein, sa parole sera de moins en moins crédible. Nous avons une Église à rebâtir femmes et hommes ensemble, sinon elle n’aura pas d’avenir!»
Plénière
La lettre de Femmes et Ministères et du Groupe Femmes, Politique et Démocratie est publiée alors que l’AECQ tient son assemblée plénière à Trois-Rivières. Aujourd’hui et demain, les évêques ont même convié une centaine de prêtres, de religieux et de laïcs à discuter du «processus synodal québécois».
Cette rencontre, à laquelle les médias ne sont pas invités, «se penchera sur les synthèses diocésaines et le suivi qu’on leur a accordé». Y participeront les vicaires généraux des diocèses québécois, les coordonnateurs et coordonnatrices de pastorale ainsi que «deux ou trois membres des équipes qui ont porté la phase consultative dans leurs diocèses».
Mardi soir les participants vont «s’approprier la synthèse provinciale et tisser des liens entre celle-ci et leur synthèse diocésaine». L’ordre du jour de la rencontre ne mentionne pas la synthèse canadienne qui a résumé les rapports obtenus de tous les diocèses du pays. On s’intéressera plutôt à «l’étape continentale du processus». Enfin, mercredi après-midi, les participants et participantes vont «identifier les suivis à assurer dans nos diocèses et de proposer aux évêques des moyens à se donner pour appuyer ces suivis».
Lundi soir, le président de l’AECQ Christian Rodembourg ne pouvait commenter le contenu de la lettre des deux groupes féministes. Il ne l’avait pas encore reçue.