Au lendemain des excuses qu’il a prononcées à Maskwacis, en Alberta, le pape s’est rendu aux abords du lac Sainte-Anne, un lieu de pèlerinage qui attire quelque 40 000 pèlerins chaque année et qui, en 2004, a été désigné lieu historique national du Canada.
Après avoir béni les eaux du lac, il a rejoint le sanctuaire et a présidé une liturgie de la Parole, une brève célébration dans la tradition catholique, sans communion.
Le pape a ensuite prononcé une homélie où il a rappelé les souffrances vécues par les peuples autochtones du Canada.
«Seigneur, tout comme les gens sur les rivages de la mer de Galilée n’avaient pas peur de crier vers toi leurs besoins, ainsi nous venons, Seigneur, ce soir vers toi avec la douleur intérieure que nous portons. Nous t’apportons nos aridités et nos peines, nous t’apportons les traumatismes des violences subies par nos frères et sœurs autochtones», a-t-il clamé devant quelques milliers de pèlerins, dont de nombreux Métis.
«En ce lieu béni, où règnent l’harmonie et la paix, nous te présentons les disharmonies de notre histoire, les effets terribles de la colonisation, la douleur inextinguible de tant de familles, de grands-parents et d’enfants. Seigneur, aide-nous à guérir de nos blessures.»
Selon lui, «une partie de l’héritage douloureux» qu’affrontent toujours les Autochtones «naît du fait d’avoir empêché les grands-mères autochtones de transmettre la foi dans leur langue et dans leur culture». Cette perte des langues et des traditions, encouragée par des membres de l’Église catholique, est «certainement une tragédie», a-t-il déploré.
Il a ensuite invité les pèlerins mais aussi les croyants à aller à la rencontre des Autochtones et non à faire preuve de «curiosité mondaine».
«En regardant les peuples autochtones, en pensant à leurs histoires et à la douleur qu’ils ont subie, qu’est-ce que moi je fais pour eux les peuples autochtones? Est-ce que j’écoute avec un peu de curiosité mondaine et me scandalise pour ce qui s’est produit dans le passé, ou est-ce que je fais quelque chose de concret pour eux? Est-ce que je prie, je rencontre, je lis, je me documente et je me laisse toucher par leurs histoires?»
L’Église a elle aussi besoin de guérison, a-t-il ajouté. «Nous avons besoin d’être guéris de la tentation de nous enfermer sur nous-mêmes, de choisir la défense de l’institution plutôt que la recherche de la vérité, de préférer le pouvoir mondain au service évangélique.»
Québec
Avec ce pèlerinage au lac Sainte-Anne, le séjour du pape François en Alberta a pris fin. Ce mercredi matin, il se rendra à l’aéroport d’Edmonton. Quatre heures plus tard, il arrivera à l’aéroport de Québec puis il se rendra à la Citadelle de Québec où il rencontrera la gouverneure générale Mary Simon, les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, les Innues Hélène Mollen et Anthonia Paul, deux survivantes, ainsi que les grands chefs Rémy Vincent (Nation Huronne-Wendat) et Mandy Gull-Masty (Nation Crie).
Demain, jeudi, le pape présidera une messe au sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré.