Un grand crucifix, offert il y a près de 30 ans par un ancien archevêque de Sherbrooke, sera bientôt retiré des murs de la salle du conseil de l’hôtel de ville.
Lors d’une rencontre publique du comité plénier de la Ville de Sherbrooke, tenue le mardi 6 septembre 2022, une majorité de conseillers municipaux a indiqué qu’ils se prononceront en faveur du retrait du crucifix lorsque cette proposition leur sera officiellement soumise, début octobre. Les conseillers vont aussi demander qu’il soit «déplacé dans un autre lieu permettant de le mettre en valeur pour témoigner de son importance dans l’histoire et dans le patrimoine sherbrookois».
En avril 2019, les précédents dirigeants municipaux avait pourtant voté en faveur de conserver les crucifix dans la salle du conseil ainsi que dans les salles des conseils d’arrondissement de la Ville de Sherbrooke puisqu’ils sont «des éléments emblématiques du patrimoine culturel qui témoignent de notre parcours historique».
Mais en mars 2022, un citoyen a invité le conseil municipal, élu en novembre 2021, de statuer de nouveau sur le sens d’un tel symbole religieux dans une enceinte publique. En le conservant sur ses murs, le conseil municipal ne montre-t-il pas son adhésion «aux valeurs et aux traditions catholiques romaines traditionnelles»? Les décisions des conseillers et conseillères sont-elles «guidées par ces valeurs», a-t-il aussi demandé?
Le crucifix, une œuvre du sculpteur français Jean Cattant, fait partie de la collection d’œuvres d’art et de monuments commémoratifs de la Ville de Sherbrooke, explique un document remis aux conseillers avant leur débat qui a duré 18 minutes. C’est l’archevêque Jean-Marie Fortier qui l’a offert aux autorités municipales en 1994, peu après avoir reçu le titre de «citoyen d’honneur de Sherbrooke».
Détail intéressant, le Service du greffe a vérifié auprès d’autres grandes municipalités québécoises si un crucifix se trouvait dans leurs salles de délibérations. Ils ont appris que les villes de Québec et Trois-Rivières «ont maintenu leur crucifix» dans la salle du conseil alors que les villes de Lévis, Terrebonne, Laval, St-Jean-sur-Richelieu, Saguenay, Gatineau, Montréal et Longueuil «ont choisi de le retirer à des moments différents de leur histoire».
Avis de l’archevêque
Juste avant de voter de façon indicative sur le maintien ou le retrait du crucifix, les membres du conseil municipal ont été informés que l’archidiocèse de Sherbrooke a été consulté dans ce dossier et qu’il a exprimé un avis favorable au retrait de ce symbole religieux.
Mercredi, l’archevêque Luc Cyr a tenu à «clarifier sa position». S’il a «effectivement été consulté sur la question», il estime que «ce sont les élus, représentants officiels des citoyens, qui ont pris la décision d’installer le crucifix à cet endroit» et que c’est à eux que «revient désormais de prendre la décision de le retirer».
«En autant que l’objet soit traité avec respect lorsqu’il sera déplacé», les autorités catholiques ne s’opposeront pas au retrait du crucifix dans l’enceinte de la salle du conseil de la Ville de Sherbrooke.
«ll est important que tous les citoyens se sentent les bienvenus dans la salle du conseil municipal et je comprends que ce signe religieux puisse indisposer certaines personnes», a reconnu Mgr Cyr.
Mais il est tout aussi important «de se rappeler de la contribution du milieu religieux à une époque où les services sociaux étaient inexistants», a-t-il insisté. «Les communautés religieuses et les paroisses ont soutenu la population dans divers domaines, dont l’éducation et la santé.»
«J’espère que ce legs ne sera pas oublié en même temps que le retrait du crucifix», a déclaré mercredi l’archevêque de Sherbrooke.