Au terme de son pèlerinage pénitentiel au Canada de juillet 2022, dans le vol d’Iqaluit vers Rome, le pape François a répondu aux questions des journalistes. Jessica Ka’nhehsíio Deer, de la radio de Radio-Canada, lui a demandé pourquoi, durant son séjour, il n’avait pas répudié la doctrine de la découverte, une revendication pourtant maintes fois répétée par les Autochtones.
«Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par doctrine de la découverte?», avait d’abord répondu le pape. Après avoir entendu les explications de la journaliste, il avait déclaré que «cette doctrine de la colonisation, c’est vrai, ce n’est pas une bonne chose, c’est injuste».
Huit mois après cet épisode, deux dicastères du Vatican annoncent, «en termes clairs» précise-t-on, que «la doctrine de la découverte ne fait pas partie de l’enseignement de l’Église catholique».
Les bulles papales du 15e siècle qui mentionnent et appuient cette doctrine «n’ont jamais été [considérées] comme des expressions de la foi catholique», statue aujourd’hui une déclaration conjointe du Dicastère pour la culture et l’éducation et du Dicastère pour le service du développement humain intégral.
Les deux dicastères reconnaissent «que ces bulles papales ne reflétaient pas de manière adéquate l’égalité de dignité et de droits des peuples autochtones».
«L’Église est également consciente que le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent.»
C’est pourquoi l’Église catholique, par la déclaration d’aujourd’hui, veut de nouveau «reconnaître les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur vécue par les peuples autochtones et demander pardon».
La déclaration de deux pages, publiée en cinq langues par le bureau de presse du Saint-Siège, cite une demande faite récemment par le pape François en la cathédrale Notre-Dame de Québec. «Que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il soit légitime d’utiliser des moyens de coercition contre les autres», avait-il déclaré le jeudi 28 juillet 2022.
«En termes clairs, le magistère de l’Église défend le respect dû à tout être humain. L’Église catholique rejette donc les concepts qui ne reconnaissent pas les droits humains inhérents aux peuples autochtones, y compris ce qui est connu sous le nom juridique et politique de ‘doctrine de la découverte’», écrivent les auteurs de la déclaration d’aujourd’hui.
La Conférence des évêques catholiques du Canada se dit «reconnaissante» pour ce texte et révèle qu’elle étudie «la possibilité d’organiser un symposium universitaire réunissant des étudiants, autochtones et non autochtones, afin d’approfondir la compréhension historique de la ‘doctrine de la découverte’». Cette rencontre serait organisée en collaboration avec la Conférence des évêques catholiques des États-Unis et le Comité pontifical des sciences historiques.