Les évêques catholiques du Québec demandent aux citoyens de «prendre au sérieux l’exercice de leur droit de vote» lors du scrutin du 3 octobre 2022.
«Dans un contexte mondial marqué par d’importants reculs démocratiques, la valeur du processus électoral que nous vivons nous apparaît avec une clarté accrue», ont-ils déclaré le 20 septembre 2022, cinq jours avant l’ouverture des bureaux de vote par anticipation.
Les évêques souhaitent que les citoyens «s’informent le mieux possible» en consultant les programmes des différents partis politiques et s’assurent de connaître les noms des candidats et des candidates de leur circonscription électorale.
Avant de déposer son bulletin de vote, chaque électeur doit aussi «discerner en son âme et conscience quelle option se rapproche le plus de ses valeurs et ses priorités», insiste la déclaration épiscopale signée par l’évêque de Saint-Hyacinthe Christian Rodembourg.
Même si tous les sondages indiquent que la Coalition Avenir Québec de François Legault obtiendra un second mandat le 3 octobre, l’actuel président de l’Assemblée des évêques catholiques du Canada (AECQ) estime que «les tendances des sondages d’opinion ne constituent pas un critère de discernement» et qu’ils «ne dispensent pas de considérer tous les choix qui permettraient de respecter ce qui nous importe».
Aux catholiques québécois, Mgr Rodembourg conseille de faire un «effort personnel pour identifier», parmi les nombreuses promesses lancées par les partis politiques durant la campagne électorale, «les orientations qui serviront davantage la poursuite du bien commun et l’établissement d’une société juste». Il ajoute que «les grands principes de l’Évangile et de l’enseignement social de l’Église peuvent aussi éclairer le discernement de toute personne de bonne volonté».
Selon le président de l’AECQ, les citoyens devraient exercer leur droit de vote en examinant les propositions des partis politiques liées à des enjeux «très concrets». Il mentionne notamment l’augmentation du coût de la vie, l’accès au logement abordable, l’accès équitable aux transports collectifs, le renforcement du filet social et la «nécessité de répondre à l’urgence climatique».
Dans les programmes des partis
Les programmes des grands partis politiques qui s’affrontent lors des élections du 3 octobre font tous mention de ces enjeux «très concrets» énumérés par l’évêque de Saint-Hyacinthe. Toutefois, les partis se font plus discrets sur des thèmes directement liés aux lieux de culte ou encore à la place des religions et des Églises dans la société québécoise.
Le dimanche 18 septembre, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a annoncé vouloir «donner une seconde vie aux églises québécoises» et «freiner la destruction de ces bâtiments importants de notre patrimoine collectif» en injectant une somme de 10 M$ par année, durant un prochain mandat de quatre ans, aux deux programmes (restauration et requalification) que gère le Conseil du patrimoine religieux du Québec.
«Même si le Québec est laïque», a déclaré le chef de la CAQ François Legault, «nos églises font partie de notre histoire. C’est un héritage précieux. Ça fait partie de la beauté du Québec. Et on a le devoir de protéger ce patrimoine-là.»
De son côté, le Parti libéral du Québec promet d’abolir, dès son arrivée au pouvoir, la clause de la Loi sur la laïcité de l’État qui interdit le port de signes religieux pour les enseignants.
Conscient que le «patrimoine religieux bâti (églises, couvents et collèges) est le fruit du travail et du dévouement de nos ancêtres», le Parti conservateur du Québec entend «mettre en œuvre un programme de préservation des archives des communautés religieuses présentes tout au long de l’histoire du Québec».
Dans ses propositions électorales, le Parti québécois (PQ) mentionne chacun des enjeux nommés dans la déclaration des évêques catholiques du Québec. Il ajoute les engagements de «renverser le déclin du français» et d’«enrayer la violence par arme à feu». Il n’a, à ce jour, rien proposé sur la protection du patrimoine religieux. Un gouvernement péquiste entend «progresser vers une plus grande laïcité», lit-on aussi dans le site de ce parti politique même si ce thème n’a guère été évoqué durant la présente campagne électorale.
La plateforme électorale de Québec solidaire (QS) ne mentionne aucun enjeu lié spécifiquement à la laïcité et au patrimoine religieux. Son programme électoral, mis à jour en 2019, indique toutefois qu’un gouvernement solidaire va préserver «le caractère d’utilisation publique» d’anciens bâtiments qu’il faut protéger, comme les églises, les couvents et les séminaires, «en leur donnant une vocation multifonctionnelle». De plus, QS rappelle qu’au Québec, «c’est l’État qui est laïque, pas les individus». Le parti politique estime donc que les agents de l’État peuvent porter des signes religieux «pourvu qu’ils ne servent pas d’instrument de prosélytisme et que le fait de les porter ne constitue pas en soi une rupture avec leur devoir de réserve».