Au Québec, seules les autorités de l’archidiocèse de Québec ont décidé de la somme qu’elles vont remettre, d’ici cinq ans, au Fonds de réconciliation avec les Autochtones de la Conférence des évêques catholiques du Canada, dont la création n’est toujours pas finalisée.
Mais elles préfèrent en discuter avec les chefs des autres diocèses québécois avant de rendre publique la contribution diocésaine à ce fonds de 30 M$.
«Une décision a été prise récemment sur l’objectif fixé pour notre diocèse», confirme la directrice des communications Valérie Roberge-Dion qui précise que «les détails seront partagés entre les évêques lors de leur assemblée plénière de mars prochain». (NDLR: Les membres de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec – AECQ se réunissent durant quatre jours en assemblée plénière, deux fois par année, en mars et en septembre.)
Les évêques «préfèrent d’abord échanger entre eux sur cet effort collectif avant de faire une annonce publique», ajoute l’attachée de presse de l’archevêque de Québec.
Dans le diocèse de Saint-Anne-de-la-Pocatière, on indique qu’il est encore trop tôt pour annoncer la somme qui sera versée au Fonds de réconciliation avec les Autochtones.
«Mgr Pierre Goudreault m’assure que nous apporterons notre contribution à ce Fonds», dit Gaétan Godbout, du service diocésain d’information. «Mais comme ailleurs, on est à élaborer la façon de faire pour y parvenir, en concertation avec les autres diocèses canadiens.»
À Nicolet, le montant de la contribution a bien été discuté par les autorités diocésaines mais «les détails ne sont pas encore réglés», explique-t-on. On préfère «attendre prudemment d’avoir toutes les réponses» avant de diffuser cette information.
«Mgr Pierre Murray, le secrétaire général de l’AECQ, devrait incessamment faire une annonce pour l’ensemble des diocèses du Québec», indique, de son côté, le diocèse de Joliette.
Dans l’archidiocèse de Rimouski, un porte-parole déclare que ce n’est «qu’après l’assemblée plénière des évêques du Québec du mois de mars que nous serons en mesure de communiquer les détails des engagements reliés au Fonds de réconciliation avec les Autochtones».
Quant à l’abbé Jean Gagné, le responsable des communications du diocèse de Chicoutimi, il explique que, pour l’ensemble des diocèses québécois, «la gestion de la contribution est faite par le secrétariat de AECQ, en lien étroit avec son secrétaire général Mgr Pierre Murray».
«Je suis heureux de l’apprendre», rétorque, amusé, Mgr Murray qui précise que la gestion du Fonds de réconciliation avec les Autochtones relève de la CECC et non de l’AECQ. «Non, je ne suis pas du tout mêlé à ce dossier.»
Le secrétaire général dit qu’il planifie ces jours-ci l’ordre du jour de la prochaine assemblée plénière des évêques (8 au 11 mars).
«J’ai le programme sous les yeux et je vous assure que ce sujet n’y apparaît pas.»
Il mentionne toutefois que le secrétaire général de la CECC, l’abbé Jean Vézina, doit la prendre parole durant la rencontre. Mgr Murray ne serait pas étonné qu’il aborde le dossier des relations entre l’Église catholique et les Autochtones, une question prioritaire.
20 M$
Le lundi 14 février, l’oblat Douglas Crosby, l’évêque de Hamilton, a annoncé que la contribution diocésaine au Fonds de réconciliation avec les Autochtones atteindrait 4 M $. Il s’agit du deuxième plus important engagement financier envers cette initiative. Il y a deux semaines, l’archidiocèse de Toronto a annoncé une contribution de 6 M$.
«Bien que le diocèse de Hamilton n’ait géré aucun pensionnat autochtone, nous sommes déterminés à participer de manière significative à cette initiative de la CECC afin de promouvoir la guérison et la réconciliation avec nos sœurs et frères autochtones», a déclaré Mgr Crosby.
Il y a 30 ans, le père Crosby, alors président de la Conférence oblate du Canada, avait présenté des excuses aux Premières Nations, les premières offertes par une congrégation religieuse catholique.
«Nous accueillons avec compréhension les critiques récentes portées contre le régime des pensionnats indiens et nous présentons nos excuses pour le rôle que nous avons eu dans la création et le maintien de ces institutions», avait-il alors déclaré. «Nous nous excusons de l’existence des pensionnats eux-mêmes, parce que nous reconnaissons que l’abus le plus fondamental n’est pas ce qui s’est passé dans les pensionnats, mais bien les pensionnats eux-mêmes.»
Le texte complet de la déclaration oblate de 1991 fait partie du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
À ce jour, neuf diocèses canadiens ont fait connaître le montant qu’ils s’engagent à recueillir et à verser, d’ici cinq ans, au Fonds de réconciliation avec les Autochtones. L’objectif national fixé par les évêques canadiens est de 30 M$. Les deux tiers de cette somme, soit 20 M$, sont donc déjà promis.
Incorporation à venir
La conférence épiscopale canadienne a annoncé le 28 janvier 2022 qu’elle allait créer un nouvel organisme de bienfaisance enregistré. La mission de cet organisme sera «de gérer le Fonds de réconciliation avec les Autochtones, qui recueillera les contributions de 73 diocèses du Canada afin d’honorer l’engagement financier de 30 M$ pris par les évêques du Canada en septembre 2021».
L’incorporation de cet organisme n’a pas encore été demandée, a-t-on appris. Mais ce sera bientôt fait, assure le porte-parole de la CECC, Jonathan Lesarge. Il n’a toutefois pas révélé le nom de ce futur organisme.
«Nous nous préparons à demander que le nouvel organisme de bienfaisance national soit constitué en société à but non lucratif. Cela devrait prendre environ 60 à 90 jours.»