Encore une semaine et les terrains du cimetière Notre-Dame-des-Neiges seront de nouveau accessibles aux personnes qui souhaitent rendre hommage aux défunts de leurs familles. Que la grève de son personnel se poursuive ou non, la direction du cimetière catholique assure que dès le vendredi 31 mars l’«accès à plusieurs zones du cimetière» sera dorénavant possible.
Seuls certains chemins seront ouverts, prévient toutefois la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal puisque «plusieurs chemins seront impraticables» en raison de la neige accumulée. Ces conditions font que certaines sections du cimetière «seront inaccessibles pour quelques jours additionnels».
Il y a dix jours, les dirigeants du plus grand cimetière au Canada avaient indiqué que «la décision de limiter [son] accès au cimetière découle de la décision du syndicat des employés d’opération de déclencher une grève générale illimitée le 12 janvier».
Empêcher les familles d’aller rendre hommage à leurs défunts, «ça me brise le cœur», avait aussitôt rétorqué Patrick Chartrand, le président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges (CSN).
Mais «fermer le cimetière et nous en faire porter le blâme, alors là je trouve cela trop facile», avait-il ajouté avant d’émettre une proposition pour régler la situation. Il souhaitait que les gardiens de sécurité embauchés durant la grève accompagnent les familles et leur indiquent les chemins les plus sécuritaires au lieu de leur barrer la route et d’accroître leur peine.
La direction a visiblement entendu la suggestion du leader syndical. Dans le communiqué annonçant la réouverture du cimetière, elle indique qu’«accueillis à l’entrée principale du cimetière, sur le chemin de la Côte-des-Neiges», les visiteurs seront «informés des limitations de vitesse, des consignes de sécurité à respecter et des sections qui seront inaccessibles afin d’éviter les risques d’accident».
Enfin, si le cimetière est inaccessible aux visiteurs pour quelques jours encore, les familles endeuillées y sont toujours «accueillies en priorité pour une inhumation en mausolée ou pour un service de crémation», assure la direction. Toutefois, prévient-elle, il n’y aura pas d’inhumations en terrain à moins qu’une entente particulière n’intervienne entre le cimetière et ses syndiqués ou que «la grève des employés d’opération [ne] se termine».
Bonnes nouvelles
«Je suis très content. Franchement, cela ne faisait pas de sens que le cimetière soit fermé» a réagi le syndicaliste Patrick Chartrand en apprenant la nouvelle de la réouverture. Il reconnaît qu’«il est possible que des endroits soient moins sécuritaires ou encore enneigés», mais cela ne devrait pas empêcher les gens «d’aller se recueillir».
«C’est une très bonne nouvelle», lance celui qui connaît bien les 33 kilomètres de chemins, de petites routes et d’allées que compte le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Il y travaille depuis maintenant trente ans.
Dans le communiqué de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, on répète de nouveau que «le cimetière demeure disponible pour poursuivre la négociation avec les représentants de chaque syndicat en vue d’arriver à une entente le plus rapidement possible». Mais samedi, lors d’une manifestation d’appui aux grévistes, des dirigeants de la CSN ont vertement dénoncé ces propos. «Même si l’employeur dit publiquement qu’il veut négocier, il n’y a aucune date prévue actuellement à l’agenda», avait déploré Linda Tavolaro, la secrétaire générale de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN). «Pour régler, ça prend des dates et rapidement».
«J’ai une primeur pour vous», indique aujourd’hui Patrick Chartrand.
«En même temps que la nouvelle de la réouverture, on a reçu une invitation du conciliateur. Il nous convoque la semaine prochaine. On sera présents», dit le président syndical.
«Si l’employeur nous fait une proposition, on va l’étudier sérieusement», assure-t-il. «Notre désir c’est de retourner au travail avec une convention collective négociée de bonne foi.»
Mentionnons que le Syndicat des employées et employés de bureau du cimetière, qui compte 17 membres, est en grève depuis le 20 septembre 2022. Quant au Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière que préside Patrick Chartrand, il compte une centaine de membres. Ils sont en grève depuis le 12 janvier 2023. Les deux syndicats sont affiliés à la CSN.