La Fête des Mères, le 14 mai, «s’est bien déroulée» au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, assurent les autorités du plus grand cimetière du Canada. Cette affirmation est vivement contestée par une femme qui n’a jamais pu se rendre, dimanche, devant la pierre tombale de sa grand-maman.
«Les milliers de visiteurs ont apprécié leur visite, malgré les contraintes liées aux dommages subis par les arbres, et il n’y a pas eu d’accident», indique-t-on dans un communiqué officiel diffusé peu après la fermeture de la seule entrée du vaste cimetière, ouverte exceptionnellement pour cette journée de fête.
«Malgré les nombreuses zones interdites, la vaste majorité des visiteurs ont pu se recueillir devant la tombe de leurs proches, y déposer des fleurs, et parfois même planter de nouvelles saisonnières, déplacer des branches et faire un peu d’aménagement paysager.»
«Que c’est insultant»
Devant une telle évaluation, Patricia Raposo hoche la tête. Elle en est même choquée. La dame de 35 ans s’est bien rendue au cimetière. En la fête des Mères, elle voulait aller se recueillir auprès de sa grand-maman, décédée en 2017. Son père et sa mère l’accompagnaient.
«Que c’est insultant d’entendre dire que la journée s’est bien déroulée», rage-t-elle. En effet, jamais n’a-t-elle pu se rendre là où repose sa grand-mère. «Cela nous a pris deux heures pour accéder à l’entrée. Toutes les voitures faisaient la file, sur Côte-des-Neiges. À notre arrivée, on nous a remis un plan montrant quelles sections du cimetière étaient accessibles», relate-t-elle.
«En rouge, ce sont les sections inaccessibles», dit-elle en exhibant le plan reçu, presque entièrement recouvert de couleur… rouge. «La pierre tombale de ma grand-mère est justement dans une de ces sections. On n’a pas pu s’y rendre. Ma mère était très triste», dit Patricia Raposo, la voix brisée. «Tous les trois mois», elle a l’habitude d’aller au cimetière afin de rendre hommage aux défunts de sa famille. «La dernière fois, c’était peu avant Noël.»
Sur Facebook, dimanche, Patricia Raposo a explosé. «Vous devriez avoir honte d’ouvrir dans ces conditions», a-t-elle signifié aux responsables de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, l’institution qui gère le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. «Laisser les gens attendre plus de deux heures pour entrer et une bonne heure pour sortir, tout ça pour se rendre compte que 90% du site est fermé et inaccessible. Pourquoi ouvrir si les gens n’ont même pas accès à leurs êtres chers?»
«Si au moins on avait pu se rendre au lot de ma grand-mère», situé au centre du cimetière. «Mais c’était impossible» tant il y avait des branches au sol. «On ne sait même pas dans quel état se trouve sa pierre. Y a-t-il une branche dessus? Est-elle brisée?», lance-t-elle. «Je n’en sais rien.»
Règlement souhaité
Sans contrat de travail depuis quatre ans, en grève depuis septembre 2022 et janvier 2023, les employés syndiqués du cimetière n’ont pas participé au nettoyage du lieu après le verglas d’avril. Le cimetière est fermé depuis le 7 avril et n’a ouvert que quelques heures à l’occasion de la fête des Mères. Les travaux de nettoyage et de sécurisation du site ont repris aujourd’hui et «le site sera de nouveau fermé aux visiteurs au cours des semaines qui suivront», avait averti la semaine dernière le porte-parole de la direction.
Le ministre du Travail Jean Boulet a fait savoir qu’il voulait que «les parties s’entendent le plus rapidement possible».
«Nous partageons le souhait du ministre et nous collaborons avec le conciliateur désigné en vue d’y arriver», a déclaré dimanche la direction du cimetière Notre-Dame-des-Neiges.