Le chef de la conférence épiscopale française a salué la réélection du président Emmanuel Macron, mais a également mis en garde contre les divisions sociales croissantes, après que le vote ait été entaché par l’agression à l’arme blanche d’un prêtre et d’une religieuse catholiques.
L’archevêque de Reims, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a déclaré que l’élection «manifeste de plus en plus une sorte de rupture en France, qui est géographique mais qui est peut-être aussi, entre ceux d’en haut et ceux d’en bas. C’est inquiétant pour l’avenir de notre pays.»
Le président de la conférence épiscopale a fait part de sa réaction lors d’une entrevue en français accordée le 25 avril à Vatican News, suite à la victoire de Macron sur son adversaire d’extrême droite, Marine Le Pen, le 24 avril.
Il a déclaré que la plupart des électeurs français n’avaient pas voulu s’embarquer dans l’aventure que l’élection de Le Pen était susceptible de signifier.
Il a toutefois ajouté que le résultat, dans un contexte de pauvreté et d’exclusion croissantes, mettait également en évidence les limites du modèle de développement suivi par la France depuis la Seconde Guerre mondiale.
«On le voit en termes de répartition des richesses, on le voit en termes de crise écologique, on le voit en termes de crise sociale et de rupture dans notre pays.»
«Et de toute évidence, nous touchons les termes d’un système, mais nous peinons à en imaginer un autre», a déclaré Mgr Moulins-Beaufort.
«Ce qui apparaît sensible est le besoin de projet collectif et la difficulté de trouver un projet collectif qui réussisse à rassembler véritablement en transcendant les classes sociales, les appartenances religieuses. Et c’est là que le politique aujourd’hui se trouve à quia.»
Macron a remporté un second mandat de cinq ans avec 58,5 % des voix contre 41,5 % pour Le Pen lors du second tour de la présidentielle du 24 avril. Il est devenu le premier chef d’État français réélu en deux décennies.
Lors d’un rassemblement à Paris en fin de soirée, il a promis à ses partisans qu’il trouverait des réponses à la colère et au désaccord qui avaient poussé les citoyens à soutenir l’extrême droite.
Dans son entrevue, Mgr Moulins-Beaufort a déclaré que le résultat des élections rappelait que l’Union européenne devait «se réinventer» et se montrer convaincante pour les citoyens, en particulier ceux qui se sentent, à tort ou à raison, «exclus des bienfaits de la mondialisation».
Il a ajouté que certaines politiques gouvernementales clés, de l’euthanasie légalisée à la reproduction assistée, avaient reflété «une conspiration plus ou moins consciente avec le marché», à laquelle l’Église catholique résisterait.
«Dans un monde hyper-technique comme le nôtre, la tentation de résoudre toutes les difficultés et les épreuves de la vie par des moyens techniques est grande», a déclaré l’évêque.
«Notre rôle de défendre la signification profonde de l’acte d’engendrement et la signification profonde de la vie humaine vécue jusqu’au bout dans la confiance et l’abandon, et dans laquelle nous avons à nous à nous entraider. C’est là qu’il y a certainement des progrès à faire.»
Agression
Le scrutin a été entaché par l’attaque au couteau d’un prêtre catholique et d’une religieuse âgée à l’église Saint-Pierre-d’Arene de Nice, peu après le début de la messe de 10 heures.
Dans un communiqué, le diocèse de Nice a déclaré que la vie du père Krzysztof Rudzinski, un prêtre originaire de Suchowola, en Pologne, qui exerçait son ministère à la paroisse depuis 10 ans, n’était pas en danger, et a remercié les forces de sécurité et les fonctionnaires pour leur «soutien et leur présence». Une religieuse de 72 ans a été blessée lorsqu’elle a tenté d’arrêter l’attaque.
Pendant ce temps, le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, a écarté l’hypothèse d’un motif terroriste pour l’attaque et a déclaré que l’assaillant, un homme de la région inconnu de la police, avait passé du temps dans un hôpital psychiatrique pour des troubles bipolaires.