Le rejet de la doctrine de la découverte par le Vatican est «un moment historique pour les peuples autochtones au Canada et du monde entier», ont déclaré samedi trois ministres canadiens.
Le rejet de cette doctrine, qualifiée de «raciste», ne s’est toutefois produit «que grâce à la résilience et à la défense des voix autochtones», ont ajouté, dans une déclaration commune, les ministres Marc Miller, Patty Hajdu et Daniel Vandal.
«Depuis des années, les peuples autochtones ont demandé au Vatican de rejeter la doctrine de la découverte, une doctrine raciste qui a été exploitée par les gouvernements pour appliquer les systèmes et les politiques coloniales.» Cette doctrine a été utilisée non seulement «pour enlever des terres aux communautés autochtones», mais aussi pour «justifier les atrocités commises contre les peuples autochtones», ont déploré les ministres des Relations Couronne-Autochtones, des Services aux Autochtones et des Affaires du Nord.
Dans sa déclaration du 30 mars 2023, «l’Église catholique a clairement indiqué que les bulles pontificales ne reflétaient pas les droits et la dignité des peuples autochtones et que la doctrine avait été manipulée à des fins politiques par les pouvoirs coloniaux».
L’Église catholique n’a donc pas «respecté les droits inhérents de la personne des peuples autochtones». La reconnaissance par le Vatican de ce «non-respect» est un pas important «alors que nous travaillons vers la réconciliation», ont ensuite affirmé les trois ministres.
Enfin, les ministres Marc Miller, Patty Hajdu et Daniel Vandal disent qu’ils vont veiller à ce que l’Église catholique progresse «dans la réalisation des engagements pris par le pape François à l’égard des peuples autochtones».
Premières Nations
Vendredi soir, l’Assemblée des Premières Nations (APN) a déclaré se réjouir «de la répudiation officielle de la doctrine de la découverte par le Vatican».
Pour l’APN, les bulles papales du 15e siècle ont ouvert la voie «à la colonisation des terres autochtones sur l’île de la Tortue». Ces textes pontificaux constituent encore aujourd’hui «le fondement de certaines lois sur la propriété au Canada.
«La déclaration faite aujourd’hui par le Saint-Siège réaffirme que les bulles papales qui ont accordé de tels ‘droits’ aux souverains colonisateurs n’ont jamais fait partie du magistère de l’Église», a reconnu la cheffe nationale RoseAnne Archibald.
La dirigeante nationale de l’APN aimerait toutefois «voir promulguer une nouvelle bulle papale officielle affirmant la souveraineté et le contrôle autochtone sur les terres, les ressources, la gouvernance, la culture et la langue». Ce nouvel édit pontifical «devrait également décréter que les traditions et les modes de vie autochtones sont précieux, empreints de dignité et de respect, et essentiels à l’évolution et à la croissance continues de l’humanité».
«En tant que cheffe nationale, je resterai prudente et critique à l’égard de l’Église catholique. Je demeurerai également attachée à la guérison. Ce n’est qu’avec la vérité, la transparence et l’obligation de rendre compte que nous pourrons progresser ensemble sur le chemin de la guérison», a-t-elle déclaré.