«Les excuses, elles ont été faites [au Vatican]. On va y faire allusion, bien sûr, mais on ne repart pas à zéro. Il faut avancer.»
Ces mots, prononcés par le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Raymond Poisson, et rapportés par Le Devoir samedi, la veille même de l’arrivée du pape François, le chef Ghislain Picard ne les a pas appréciés du tout.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a aussi sursauté en lisant qu’à Rome, en mars 2022, le pape a pu «écouter avec intimité, humilité et chaleur humaine les témoignages de survivants» mais que son voyage au Canada amorçait «une autre étape».
«Ces paroles ont été prononcées à quelques jours d’une rencontre que les survivantes et survivants attendent depuis les trente dernières années», a déploré lundi matin le chef Picard.
«Faut-il rappeler que l’Église catholique demeure la seule Église à ne pas avoir formulé directement aux survivantes et survivants les excuses demandées, afin de contribuer à leur propre guérison et à la guérison collective des peuples autochtones pour les torts subis pendant plus d’un siècle à travers le régime des pensionnats autochtones?»
Pour l’APNQL, le voyage du pape au Canada est «l’occasion pour l’Église catholique, comme institution, de présenter de réelles excuses et de permettre à tous ceux et celles qui en auront besoin d’entamer leur guérison avec tout le respect qu’ils et elles méritent».
L’association a tenu à rappeler au président de la conférence épiscopale, que les délégations autochtones présentes au Vatican en mars, tout comme les survivants des pensionnats, ont constamment insisté «sur l’importance d’excuses prononcées sur leurs territoires ancestraux, en leur présence».
«Les communautés autochtones ne parcourront pas des centaines, voire des milliers de kilomètres, pour assister à une célébration», dit Ghislain Picard.
«Elles le feront pour recevoir des excuses pour les sévices physiques, psychologiques et spirituelles dont elles ont été victimes de génération en génération. La visite sera un échec si les survivantes et survivants, qui n’ont eu que quelques semaines pour organiser leur périple vers Québec, n’entendent pas les excuses du pape François.»
Présente à Rome en mars 2022, Mandy Gull-Masty, la grande cheffe du gouvernement de la Nation Crie, estime que «seuls les survivantes et survivants peuvent accepter les excuses et décider de pardonner. C’est ce qui déterminera si cette visite fera son entrée dans les livres d’histoire».
Faisant partie de l’équipe de suivi du pape tout au long de son séjour au Canada, Mgr Raymond Poisson n’acceptera aucune demande média, a fait savoir Erika Jacinto, la responsable des médias francophones durant la visite papale.