«Après avoir été nombreuses et nombreux à quitter l’Église depuis les années 1970, nous avons aussi détourné la tête de ce qui s’y passait», reconnaît aujourd’hui Thérèse Mailloux, la présidente du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD), un collectif qui se bat pour une plus grande participation des femmes à la vie politique québécoise.
En fait, les féministes catholiques ont été laissées «seules pour mener leur lutte», déplore-t-elle, au sein du «dernier bastion de résistance à l’égalité des femmes».
Mais le mercredi 7 décembre, à Québec, les féministes, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église catholique, se donnent rendez-vous le temps d’un colloque.
On entend «diriger les projecteurs sur les revendications féministes dans l’Église catholique en plus de dénoncer les obstacles systémiques au pouvoir des femmes et la discrimination qu’elles subissent encore aujourd’hui et ce, dans l’Église et dans l’État», annonce le dépliant du colloque Femmes et gouvernance: mêmes enjeux dans l’Église et dans l’État?
Organisé par le GFPD, en collaboration avec Femmes et Ministères qui a célébré plus tôt cette année son 40e anniversaire, ce colloque donnera la parole à une dizaine de conférencières, conférenciers et panélistes.
Programme
Le matin, des panélistes se demanderont si l’accès des femmes en politique peut servir de modèle dans l’Église. Deux professeures d’université, la religieuse féministe Gisèle Turcot ainsi que Pierre Murray, le secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, prendront la parole.
Marie Evans-Bouclin, la première femme canadienne à être ordonnée évêque, l’ex-députée Marie Malavoy et la professeure Marie-Andrée Roy, membre fondatrice de L’autre Parole, vont ensuite réfléchir aux actions qu’il faut dorénavant privilégier pour atteindre la pleine égalité des femmes, tant dans l’Église que dans l’État.
Au terme de la journée, il sera question des prochaines assemblées du synode des évêques. L’accession des femmes aux ministères ordonnés est mentionnée dans les synthèses préparées par plusieurs conférences épiscopales en vue des rencontres de 2023 et de 2024. Cette proposition a toutefois été vivement critiquée par le cardinal québécois Marc Ouellet, le préfet du Dicastère pour les évêques, qui considère que le sujet est «définitivement» clos depuis 1994. Le 18 novembre 2022, il a fustigé les évêques allemands pour avoir cédé aux revendications de «groupes de pression» en ce qui concerne l’égalité des femmes dans l’Église. C’est le théologien Gilles Routhier, un spécialiste du concile Vatican II, qui abordera ce sujet.
Appel à la réciprocité
«Devant la rigidité de l’Église [catholique] et son refus tenace d’admettre des femmes aux ministères ordonnés et par le fait même de les exclure des postes de gouvernance et de décision, même ceux les concernant en tant que femmes, nombreuses sont celles qui ont quitté les rangs», reconnaît aussi Annine Parent, la présidente de Femmes et Ministères.
Mais elle entend bien rappeler aux personnes qui participeront au colloque de mercredi que «les femmes engagées en Église ont été partie prenante des luttes sociales invitant leurs consœurs à travailler pour appuyer et soutenir toutes les femmes dans leur démarche d’autonomie» au sein de la société et de l’État québécois.
Aujourd’hui, à leur tour, les féministes catholiques «comptent sur un mouvement de réciprocité sociale pour les soutenir et vaincre le dernier bastion de résistance à l’égalité des femmes».
Colloque Femmes et gouvernances: mêmes enjeux dans l’Église et dans l’État?
Séminaire de Québec, Québec (et en ligne)
7 décembre 2022 – 9 h à 16 h 30