La présence et les investissements de compagnies minières, y compris canadiennes, n’ont pas contribué, malgré les promesses faites par leurs dirigeants, à «une amélioration de la qualité de vie» pour les populations du Pérou.
Les investissements de ces entreprises ont plutôt «engendré de la corruption, de la contamination de l’environnement, des atteintes aux droits à la vie et à la santé, des conflits sociaux, des maladies et même la mort».
C’est le message qu’a fait parvenir l’évêque de Chuquibamba, au Pérou, Mgr Jorge Izaguirre Rafael, aux organisateurs du congrès de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE), un événement qui se termine aujourd’hui. L’ACPE représente les intérêts de l’industrie minière canadienne et regroupe quelque 6000 membres, des dirigeants et des entreprises.
«Bien souvent, dans des environnements fragiles et en amont des cours d’eau, les compagnies minières commencent l’exploration sans avoir adéquatement consulté au préalable les communautés locales qui dépendent de la terre et de l’eau pour l’agriculture», déplore l’évêque péruvien qui est aussi le président de la Commission épiscopale pour l’action sociale (CEAS).
Cette absence de consultation est à l’origine «de graves conflits entre les compagnies et leurs travailleurs et les communautés affectées qui cherchent à protéger leurs moyens de subsistance».
«Les causes de ces conflits ne sont ni comprises par les compagnies ni dûment prises en compte par un État qui ne remplit pas son rôle de protecteur des droits», écrit-il aussi dans sa lettre ouverte aux délégués au congrès annuel de l’ACPE.
Mgr Izaguirre Rafael reconnaît que «le Pérou a placé le secteur minier au cœur de son économie» et que les investissements canadiens y sont les bienvenus. Ils représentent, en fait, 15,3 % de toute l’industrie minière de son pays.
Mais, selon l’évêque de Chuquibamba, «la faiblesse des institutions et le manque de réglementation environnementale de l’État» ont permis à de nombreuses compagnies minières, y compris canadiennes, de «contaminer l’eau, l’air et les sols dans les communautés situées près de leurs opérations, causant ainsi l’empoisonnement de milliers de Péruviennes et Péruviens par des métaux toxiques».
Il souhaite que les gouvernements, et tout particulièrement celui du Canada, règlementent «les opérations de leurs compagnies» et mettent en place des mécanismes de plaintes pour prévenir «les violations qui affectent les territoires des communautés, qui mettent en danger les peuples autochtones, et qui risquent même de les faire disparaître».
Au terme de son congrès annuel, au moment de publier ces lignes, l’ACPE n’avait pas indiqué si la missive de l’évêque avait été remise à chacun des congressistes. Par courriel, la CEAS a indiqué avoir reçu, le 12 juin, une lettre du président de l’ACPE.
«Nous accueillons toutes les perspectives et nous croyons que les personnes et les groupes, comme la Commission épiscopale pour l’action sociale, méritent de faire entendre leur point de vue», a répondu Alex Christopher, tout en invitant l’évêque à participer au congrès de l’ACPE.