L’archevêque Richard Smith, le coordonnateur général de la visite papale au Canada, s’est dit «surpris mais enchanté» d’apprendre ce matin cette «très bonne nouvelle» de la visite du pape François à la fin du mois de juillet.
Lors d’une brève conférence de presse tenue dans la matinée du vendredi 13 mai, l’archevêque d’Edmonton a tenu à rappeler que le pape connaît présentement des ennuis de santé et qu’il a même dû annuler certains événements, comme sa visite au Liban en juin.
«Nous savons aussi qu’en juillet, il se rendra au Soudan et en République démocratique du Congo, à peine quelques semaines avant de venir au Canada. Pour une jeune personne en bonne santé, c’est un itinéraire ambitieux.» Pour ce pape âgé de 85 ans, «c’est un itinéraire extraordinairement ambitieux», a noté Mgr Smith. «C’est pourquoi je dis que je suis si surpris que ce voyage ait lieu quand même. Surpris et enchanté.»
«Cela démontre bien la détermination de ce pape à être auprès des peuples autochtones.»
Bien que le programme de son séjour à Edmonton, Québec et Iqaluit ne soit pas encore finalisé, le coordonnateur de la visite papale estime qu’il y a de «fortes possibilités» que le pape se rende sur les terrains d’un ancien pensionnat autochtone.
La conférence de presse de 17 minutes s’est déroulée en anglais. Mgr Smith a toutefois répondu, en français, à trois questions.
Réactions des associations
Du 28 mars au 1er avril, des délégations de l’Assemblée des Premières Nations, du Ralliement national des Métis et l’Inuit Tapiriit Kanatami ont rencontré, au Vatican, le pape François et lui ont raconté les souffrances que leurs membres ont vécues dans les pensionnats pour Autochtones gérés les diocèses et les congrégations religieuses. Au dernier jour, le pape leur a présenté des excuses «pour la conduite déplorable de ces membres de l’Église catholique».
«Je demande pardon à Dieu et je voudrais vous dire, de tout mon cœur: je suis très affligé. Et je me joins à mes frères évêques canadiens pour vous présenter des excuses», avait alors déclaré le pape. Il leur avait aussi promis de venir prochainement au Canada.
Ce matin, après l’annonce de sa visite au Canada par le bureau de presse du Saint-Siège, deux des trois associations qui avaient envoyé des délégations à Rome, ont tenu à commenter cette nouvelle.
«La délégation inuite qui a rencontré le pape François au Vatican l’avait invité à visiter l’Inuit Nunangat (patrie des Inuits au Canada) lors de sa visite prévue au Canada cette année», a rappelé l’Inuit Tapiriit Kanatami .«Nous sommes heureux de pouvoir l’accueillir à Iqaluit en juillet pour une visite centrée sur la vérité, la justice, la guérison, la réconciliation et l’espoir.»
De son côté, le Ralliement national des Métis «a salué la prochaine visite du pape François au Canada, tout en réitérant la nécessité d’un engagement à agir dans les domaines de la vérité, de la réconciliation, de la justice et de la guérison».
Cassidy Caron, la présidente du Ralliement national des Métis, a toutefois indiqué que son association n’a pas été «formellement consultée dans le choix des trois sites» où se rendra le pape. «Nous espérons que le Vatican travaillera en étroite collaboration avec nous afin de s’assurer que des ressources adéquates seront disponibles pour tous les survivants qui souhaiteront s’y rendre», a-t-elle déclaré.
Au moment de publier ces lignes, ni l’Assemblée des Premières Nations, ni sa cheffe nationale RoseAnne Archibald, n’avaient réagi à cette annonce.
Déclaration du premier ministre
Le premier ministre du Canada a souligné que, par sa prochaine visite, le pape viendrait «présenter officiellement les excuses de l’Église catholique romaine pour le rôle qu’elle a joué dans l’exploitation des pensionnats, qui ont causé des douleurs et des souffrances durables chez les peuples autochtones du pays».
«Sans le courage et la détermination des survivants, des dirigeants autochtones et des jeunes qui ont raconté leur histoire, la visite prochaine de Sa Sainteté ne serait pas possible», a ajouté Justin Trudeau
«Bien que Sa Sainteté ait présenté des excuses à Rome le mois dernier, des excuses officielles présentées en personne au Canada de la part de l’Église catholique romaine aux survivants et à leurs familles donneraient suite à l’appel à l’action 58 de la Commission de vérité et réconciliation.»
Le premier ministre encourage «tous les Canadiens à regarder ce moment historique et à réfléchir aux conséquences du colonialisme».