Première femme arabe de culture musulmane à siéger au conseil municipal de Montréal, Alia Hassan-Cournol a pris la parole hier lors du lancement de la 5e Semaine de la sensibilisation musulmane (SSM) en rappelant que cet événement annuel coïncide avec l’anniversaire de l’attentat de la mosquée de Québec, le 29 janvier 2017.
Six ans plus tard, «cela nous fait toujours aussi mal», dit-elle, mentionnant «nos frères et sœurs qui sont tombés sous le coup de la haine, de l’islamophobie, du racisme et de cette idée qui veut que parce qu’on est arabes, musulmans ou Africains, notre vie a moins de valeur».
«On a quand même fait du chemin», lance alors la conseillère municipale associée à la réconciliation avec les peuples autochtones au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal.
«Après la douleur, vient la lumière.» Et cette semaine de découverte de la réalité des communautés musulmanes, du 25 au 31 janvier, représente un autre «moment lumineux», une occasion «de dire non à l’islamophobie».
Une occasion aussi «de comprendre l’Islam, de comprendre ce que c’est que d’être musulman ou de ne pas l’être, de découvrir que c’est une religion variée et diversifiée. On peut être musulman par nos parents ou encore par choix, explique-t-elle. On peut porter un signe ostentatoire ou non. Et on est toujours fièrement Québécois, fièrement Montréalais».
Polarisation
Pour Aref Salem, le chef de l’opposition officielle de la ville de Montréal, la SSM est «un événement plus que nécessaire dans le climat de polarisation qui perdure au sein de notre collectivité».
«Ne pas être considéré pour un emploi en raison de l’origine du nom qui figure sur son curriculum, se faire invectiver, verbalement ou physiquement, en raison des vêtements que l’on porte, se faire dévisager parce qu’on sort ou entre dans une mosquée, cela arrive encore trop souvent en 2023», a déploré le chef intérimaire d’Ensemble Montréal.
Le thème cette année de la SSM est Le rapprochement comme rempart à l’islamophobie.
«Nous croyons qu’il est crucial d’aller à la rencontre de l’autre pour s’en rapprocher et entretenir un dialogue pour construire une société saine», a expliqué Samira Laouni, la cofondatrice et la présidente du conseil d’administration de la SSM.
«Évidemment, qu’on peut diverger d’opinion, et c’est important de le reconnaître, dit-elle, mais le débat doit rester respectueux des uns et des autres, dans toutes leurs dimensions. Il est de la plus haute importance que tous les citoyens puissent vivre dans un climat d’acceptation et même de considération, tout en restant authentiques.»
Le programme de la 5e Semaine de la sensibilisation musulmane fait état d’une vingtaine d’activités d’ici la fin du mois de janvier.