L’évêque de Worcester (Massachussetts), Robert J. McManus, a informé la Nativity School de Worcester qu’elle ne pouvait plus s’identifier comme une école catholique après des mois de discussions privées et publiques sur le déploiement de drapeaux Black Lives Matter et la fierté gaie devant l’école.
Par Maria LeDoux et Margaret M. Russell
L’évêque a publié un décret officiel le 16 juin, retirant son soutien à l’école gérée par les jésuites.
Dans une lettre adressée le 15 juin à la communauté scolaire, le président de l’école Nativity, Thomas McKenney, a déclaré que l’école ferait appel de la décision «par les voies appropriées» et continuerait à déployer les drapeaux. Il a ajouté que l’école soutient que les drapeaux «ne sont pas un soutien à une quelconque organisation ou idéologie» mais qu’ils «flottent en soutien aux personnes marginalisées».
Le couperet de l’évêque
Le 10 juin, l’évêque McManus a signé un décret déclarant qu’il assumait ses responsabilités pastorales et que, conformément au droit canonique, il interdisait à l’école Nativity «de s’identifier comme une école « catholique »» ou d’utiliser «le titre « catholique » pour se décrire», avec effet immédiat.
Il a également déclaré: «La messe, les sacrements et les sacramentaux ne sont plus autorisés à être célébrés dans les locaux de Nativity School ou à être parrainés par Nativity School dans tout bâtiment religieux ou chapelle du diocèse de Worcester.»
L’école ne sera pas non plus autorisée à «entreprendre toute collecte de fonds impliquant des institutions diocésaines du diocèse de Worcester et n’est pas autorisée à figurer ou à faire de la publicité dans l’annuaire diocésain».
Enfin, le nom de l’évêque retraité de Worcester, Daniel P. Reilly, doit être retiré de la liste des membres du conseil d’administration de l’école.
Les origines de la dispute
La Nativity School est une école secondaire jésuite privée, indépendante et sans frais de scolarité, fondée en 2003. Il ne s’agit pas d’une école diocésaine. Depuis début 2021, l’école arbore un drapeau Black Lives Matter et un drapeau arc-en-ciel de la fierté gaie.
En mars, l’évêque McManus a été informé de la présence des drapeaux et, selon les responsables de l’école, il a demandé que les drapeaux soient retirés.
L’évêque a publié une déclaration publique, puis une lettre concernant les drapeaux, après que les médias ont fait état de discussions privées avec l’école.
Dans une déclaration du 3 avril, il a dit: «L’Église catholique se joint à notre nation pour enseigner que toutes les vies sont égales devant Dieu et la loi et que toutes les vies exigent notre respect, indépendamment de la race, du sexe ou de l’origine ethnique.»
Il a déclaré que le drapeau Black Lives Matter «a parfois été coopté par certaines factions qui instillent également une méfiance généralisée à l’égard de la police et de ceux qui sont chargés de faire respecter nos lois», et que le drapeau de la fierté est «souvent utilisé pour s’opposer à l’enseignement catholique cohérent selon lequel le mariage sacramentel est entre un homme et une femme».
Il a exhorté l’école Nativity à reconsidérer l’imagerie et les symboles utilisés dans l’intérêt de la formation spirituelle et morale des jeunes.
La lettre du président de l’école à ce sujet dit : «Nativity a commencé à arborer les drapeaux de la fierté et de Black Lives Matter à la suite de l’appel de nos étudiants (dont la majorité sont des personnes de couleur) à exprimer leur soutien pour rendre nos communautés plus justes et plus inclusives.»
L’argumentaire de l’évêque
Le 5 mai, l’évêque McManus a publié une lettre ouverte à la communauté au sujet des drapeaux de l’école, intitulée « Why Symbols Matter ». Il a une fois de plus affirmé la position de l’Église catholique, qui consiste à s’aimer les uns les autres, quels que soient «les facteurs de différenciation que l’on peut invoquer».
Il a ajouté: «Nous croyons que nous sommes tous aimés par Dieu et rachetés par [le Christ]. […] Nous sommes les intendants de notre corps, mais pas les propriétaires qui en font ce qu’ils veulent. Parce que chaque vie humaine est sacrée, l’Église soutient à 100% l’expression « les vies noires comptent ».»
Cependant, «un mouvement spécifique avec un agenda plus large a coopté l’expression et promeut un agenda à 13 principes pour les écoles […] ces principes incluent, selon leurs propres mots, d’être « affirmatif envers les homosexuels » et « affirmatif envers les transgenres »», a-t-il écrit.
Le mouvement Black Lives Matter est en contradiction avec l’enseignement social catholique sur le rôle de la famille dans la société, a-t-il ajouté.
Affirmant qu’une institution ne peut être gérée selon des principes contradictoires, l’évêque McManus a demandé à l’école Nativity dans la lettre ouverte: «Quelle identité choisissez-vous?»
Reconnaissant qu’il existe de nombreuses institutions non catholiques qui accomplissent un important service humanitaire, l’évêque a déclaré qu’«être catholique signifie épouser, et non nier, notre identité catholique» définie «par 2 000 ans de réflexions théologiques et de tradition».
Si nous partageons tous le désir que tous nos étudiants, en particulier les étudiants noirs et bruns des quartiers défavorisés, se sentent en sécurité et bienvenus, nous devons respecter l’axiome moral selon lequel «la fin ne justifie pas les moyens», a déclaré Mgr McManus.
Avant la publication du décret, l’évêque a écrit dans la lettre publique: «C’est ma prière fervente que l’école de la Nativité décide de n’afficher que des bannières qui complètent la croix du Christ qui leur dit pourquoi ils sont aimés. Des drapeaux portant les mots ‘End Racism’ et ‘We Are all God’s Children’ seraient bien plus appropriés pour une école catholique.»
La réponse de l’école
Selon la déclaration de l’école Nativity, l’évêque McManus a averti l’école à la mi-mai que si les drapeaux n’étaient pas retirés, «il sera interdit à Nativity de s’identifier comme une école catholique».
Malgré les communications entre l’évêque et la Nativity School, les drapeaux Black Lives Matter et de la fierté flottent toujours à l’extérieur de l’école. Le 15 juin, l’école a répondu qu’«après une délibération et un discernement significatifs de la part de son conseil d’administration, de son équipe de direction, de son corps enseignant et de ses partenaires, Nativity continuera à déployer les drapeaux en question afin de témoigner de manière visible de la solidarité de l’école avec ses élèves, ses familles et leurs communautés».
Dans le décret, Mgr McManus note qu’en tant qu’autorité et superviseur des écoles catholiques, il est du «devoir sacré» et de la «responsabilité inhérente» d’un évêque diocésain de déterminer si une école agit ou non d’une manière harmonieuse avec les enseignements de l’Église catholique, tout en participant à la mission d’évangélisation de l’Église.
Il a déclaré avoir émis le décret officiel conformément au droit canonique.
M. McKenney de la Nativité a répondu: «En collaboration avec la province Est des États-Unis de la Compagnie de Jésus, Nativity cherchera à faire appel de la décision du diocèse de supprimer notre identité catholique par les voies appropriées prévues par l’Église dans des circonstances comme celle-ci.»