On a longtemps cru que seuls deux enfants étaient décédés au pensionnat pour Autochtones de Port Alberni, en Colombie-Britannique.
Le registre du Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) mentionne plutôt que 29 enfants ont perdu la vie durant leur séjour dans cet ancien pensionnat administré par l’Église presbytérienne au Canada, par l’Église Unie du Canada et par le gouvernement canadien entre 1892 et 1973.
Mardi, le conseiller en chef Wahmeesh (en anglais Ken Watts) de la Première Nation Tseshaht a annoncé, au terme de patientes recherches dans les archives de l’ancien pensionnat et d’entrevues avec des aînés, des survivants et leurs descendants qu’au moins 67 enfants seraient morts dans ce pensionnat.
«Ces élèves n’étaient que des enfants», a rappelé avec émotion le chef Ken Watts lors d’un rassemblement tenu mardi matin dans un gymnase de Port Alberni, sur l’Ile de Vancouver. Avant que leurs noms ne soient révélés, les familles de ces enfants, qui provenaient de plus de 70 Premières Nations différentes, seront toutes contactées, a-t-il indiqué.
De plus, les premières enquêtes par géoradar menées durant l’été sur le territoire de cette communauté autochtone ont permis d’identifier 17 possibles lieux de sépulture.
Grave erreur
«L’Église ne détournera pas le regard de la vérité, qui continue d’être mise au jour», a déclaré le mercredi 22 février 2023 la pasteure Carmen Lansdowne, la modératrice de l’Église Unie du Canada. Elle assure que la plus importante Église protestante du Canada va respecter «son engagement à agir en conformité avec les excuses qu’elle a prononcées, à rendre des comptes pour ses actions et à poursuivre le travail de vérité et de réconciliation en posant des gestes concrets de justice et de réparation».
«Pour tous ces enfants qui ont péri au pensionnat et qui ne sont jamais revenus à la maison», l’Église Unie du Canada «offre ses sympathies les plus sincères aux survivantes et aux survivants, aux familles, aux communautés et à toutes les personnes qui ont subi et subissent encore les contrecoups de l’existence de tels établissements au Canada».
La modératrice Lansdowne reconnaît que son Église a joué «un rôle actif et délibéré dans la gestion des pensionnats autochtones». Mais ce fut une «grave erreur» d’avoir participé «à cette entreprise coloniale, raciste et oppressive».
«Nous savons que nos actions ont directement contribué à la mort d’enfants et à l’infliction de traumatismes individuels, à l’effacement de la langue et de la culture, à l’éclatement de familles et à la création de traumatismes intergénérationnels», a-t-elle ajouté.
Mardi, le chef Wahmeesh a indiqué avoir reçu une très bonne collaboration de l’Église Unie du Canada lors des recherches menées dans les archives du pensionnat pour Autochtones de Port Alberni. Il a demandé aux autorités de cette Église de financer la construction d’un centre de guérison pour les survivants et leurs descendants et de poursuivre leur collaboration dans les recherches archivistiques.
D’abord géré par la Société féminine des missions étrangères de l’Église presbytérienne au Canada, le pensionnat de Port Alberni fut administré, de 1925 à 1969, par l’Église Unie du Canada.