L’Église Unie du Canada a annoncé le 13 janvier qu’elle met à la disposition des communautés autochtones une somme de 3 millions $ afin de les aider dans leur recherche de tombes anonymes sur les terrains des 15 pensionnats dont elle a eu la responsabilité.
«L’Église Unie du Canada a participé activement à un système qui a déchiré les familles autochtones en retirant de force les enfants de leur foyer», a reconnu le pasteur Richard Bott, le modérateur de la plus grande Église protestante au pays.
L’Église Unie du Canada est née, en 1925, de la fusion des Églises congrégationaliste, méthodiste et presbytérienne. Pour cette dernière dénomination, seuls 70% de ses membres ont joint la nouvelle Église.
L’Église Unie et les Églises qui l’ont précédée ont administré 15 pensionnats autochtones, situés en Colombie-Britannique (5), en Alberta (3), en Saskatchewan (3), au Manitoba (3) et en Ontario (1). Le plus ancien pensionnat lié à cette Église a été ouvert en 1849 (Mount Elgin, Ontario). Le pensionnat autochtone d’Alberni, en Colombie-Britannique, a cessé ses activités en 1973.
En tout, au Canada, 139 pensionnats ont été gérés par des Églises, la majorité par des diocèses ou des congrégations de l’Église catholique.
Actions concrètes
«Nous sommes conscients qu’il y a des cimetières sur certains des sites [liés à l’Église Unie] et qu’il y a aussi des sépultures anonymes et probablement des tombes d’enfants dont les registres ne font aucune mention», a aussi déclaré le modérateur Richard Bott. «En tant qu’Église, nous devons axer davantage notre engagement à la réconciliation sur des actions concrètes.»
Cette somme de 3 M $, votée par les plus hautes instances de l’Église en juillet 2021, est offerte aux communautés autochtones afin d’appuyer «le travail de rapatriement» des corps des enfants qui ne sont jamais revenus des pensionnats où ils avaient été placés, précise Éric Hébert-Daly, le responsable des ministères en français de l’Église Unie du Canada. Mais des fonds peuvent aussi être utilisés pour l’organisation d’activités de commémoration afin d’honorer la mémoire des enfants qui sont décédés dans ces institutions.
L’Église Unie du Canada a aussi annoncé qu’elle entend transmettre aux communautés liées aux pensionnats qu’elle a administrés «la totalité des documents en sa possession concernant ces établissements».
Documents numérisés
Cette documentation, détenue par le Département des archives de l’Église Unie du Canada, a déjà été remise à la Commission de vérité et de réconciliation ainsi qu’au Centre national pour la vérité et la réconciliation.
«Tous nos documents sur les pensionnats ont été numérisés», ajoute Éric Hébert-Daly. «Bien qu’on n’ait jamais refusé de les remettre aux communautés autochtones, cela ne veut pas dire que les communautés locales avaient jusqu’à maintenant l’entièreté des pièces qui les concernaient», ajoute Éric Hébert-Daly.
Dans cette documentation, aujourd’hui accessible via des disques durs, les chercheurs et les communautés vont trouver des dossiers d’élèves et de directeurs, des rapports médicaux, des certificats de décès et des rapports administratifs remis aux autorités gouvernementales qui avaient confié la gestion des pensionnats à des représentants de l’Église Unie du Canada.