À Genève, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a fermement «dénoncé toute utilisation meurtrière de la force armée pour résoudre des différends qui pourraient être résolus par le dialogue».
«Nous sommes fermement convaincus que le dialogue – fondé sur les principes du droit international et le respect des frontières nationales établies – était et reste la bonne voie pour résoudre les tensions entourant l’Ukraine», a indiqué le père Ioan Sauca, le secrétaire général par intérim du COE.
«Nous appelons à la fin immédiate des offensives armées, ainsi qu’à la protection de toutes les vies humaines et de toutes les communautés menacées par cette violence», a jouté le dirigeant qui est aussi un prêtre de l’Église orthodoxe de Roumanie.
Le COE compte dans ses rangs plusieurs Églises orthodoxes, dont l’Église orthodoxe russe et le Patriarcat œcuménique de Constantinople.
Les patriarches Cyrille de Russie et Bartholomée de Constantinople sont à couteaux tirés depuis que ce dernier a accordé l’autocéphalie (son indépendance canonique vis-à-vis de Moscou) à l’Église orthodoxe d’Ukraine. L’Église de Russie a alors annoncé la rupture de ses relations avec le patriarcat de Constantinople.
Jeudi, quelques heures après «l’invasion du territoire de la République d’Ukraine par les forces armées de la Fédération de Russie», le patriarche Bartholomée a condamné «cette violation flagrante de toute notion de légitimité internationale» et a assuré «son soutien au peuple ukrainien qui lutte pour ce qu’il y a de plus sacré, et aux familles des victimes innocentes».
«En tant que patriarche de toute la Russie et Primat de l’Église, dont le troupeau se trouve en Russie, en Ukraine et dans les autres pays, je compatis profondément avec tous ceux qui sont touchés par le malheur», a de son côté réagi le patriarche Cyrille.
Il estime que «les peuples russe et ukrainien ont une histoire commune séculaire».
Sans déplorer la force utilisée par les troupes russes, le patriarche Cyrille a néanmoins exhorté «toutes les parties au conflit à faire tout ce qui est possible pour éviter les victimes parmi les civils».
Réactions d’Églises au Canada
«Je demande que les hostilités cessent immédiatement et que le président Poutine mette fin aux opérations militaires», a déclaré jeudi Mgr Tikhon, le primat de l’Église orthodoxe en Amérique.
«En tant que chrétiens orthodoxes, nous condamnons la violence et l’agression», a ajouté l’archevêque de Washington et métropolite de toute l’Amérique et du Canada.
De son côté, l’éparchie ukrainienne catholique d’Edmonton a inséré à la une de son site Web une déclaration de l’archevêque majeur de Kiev, Mgr Sviatoslav Chevtchouk.
Pour le primat de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, «la défense de notre terre natale, de notre mémoire historique et de notre espoir, de notre droit divin d’exister, est la responsabilité personnelle et le devoir sacré des citoyens de l’Ukraine».
«Nous sommes forts lorsque nous sommes ensemble. Le moment est venu d’unir nos efforts pour défendre l’indépendance, l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’État ukrainien.»
En soirée, le Bureau de direction de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a condamné «l’escalade des tensions et de la violence en Ukraine provoquée par l’invasion de la Russie, qui s’est produite aujourd’hui sous la forme de militarisation et de bombardements dans diverses villes ukrainiennes».
La CECC, «en union avec le patriarche œcuménique Bartholomée, le peuple de l’Ukraine et les Canadiens d’origine et de descendance ukrainiennes», encourage les catholiques ainsi que «toutes les personnes de bonne volonté» à prier pour «le rétablissement imminent de la paix, du dialogue et de la fraternité humaine».
L’organisme international Aide à l’Église en Détresse (AED) a accordé une aide d’urgence de 1,5 M$ à des diocèses catholiques et des congrégations religieuses d’Ukraine, a annoncé Mario Bard de l’AED-Canada.