«Mgr De Roo et moi sommes amis depuis 60 ans», lance au téléphone Douglas Roche, l’ancien ambassadeur du Canada pour le désarmement et sénateur de 1998 à 2004.
« Nous avons publié deux livres ensemble», rappelle celui qui prononcera le samedi 12 février l’éloge funèbre lors des prochaines funérailles de l’évêque émérite Remi De Roo, décédé le mardi 1er février 2022 à l’âge de 97 ans.
L’ex-sénateur Roche n’hésite pas à affirmer que Mgr De Roo «mérite d’être reconnu comme l’un des plus grands évêques de toute l’histoire du Canada».
«Il a amené le Concile Vatican II au Canada», dit-il, rappelant qu’à peine nommé évêque de Victoria par le pape Jean XXXIII, son ami a participé aux quatre sessions de cet événement majeur pour l’Église catholique universelle.
«Ce concile, il l’aura incarné toute sa vie. Il vivait, il prêchait les enseignements du concile», dit-il. Mgr De Roo affectionnait tout particulièrement la constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, Gaudium et spes, qui affirmait que «l’Église est le peuple de Dieu». De retour du concile, l’évêque de Victoria n’a pas cessé «de mettre en pratique» cette idée que «l’Église est une communauté qui n’est pas qu’ecclésiastique».
Trudeau en rogne
Un employé de la Conférence des évêques catholiques du Canada de 1977 à 1999, Bernard Dufresne a bien connu Mgr Remi De Roo qu’il a côtoyé notamment lors des travaux de la Commission épiscopale des affaires sociales qu’a présidée l’évêque de Victoria.
C’est cette commission qui a publié, en 1983, Jalons d’éthique et réflexions sur la crise économique actuelle, un document que l’establishment financier canadien et même le premier ministre d’alors, Pierre-Elliot Trudeau, ont fustigé dès le lendemain de sa parution. «Mgr De Roo était alors partout, dans tous les médias, pour défendre ce document», un texte, rappelle-t-il, qui a aussi été critiqué par certains de ses confrères évêques.
Jusqu’à la fin de sa vie, «Mgr De Roo aura été un fin observateur des réalités sociales et économiques», dit Bernard Dufresne.
Lui aussi définit l’évêque comme «un homme de Vatican II» pour qui «l’option préférentielle pour les pauvres» n’était pas que des mots creux. «Cette option, elle l’animait. Pour lui, la mission de l’Église se devait d’être nourrie de l’expérience concrète des gens.»
Funérailles
Les funérailles de Mgr Remi De Roo seront célébrées le 12 février 2022.
Samedi, à l’avant de la cathédrale St. Andrew de Victoria, en Colombie-Britannique, la voix de l’ex-député et sénateur Douglas Roche va résonner dès le début de la cérémonie. Dans l’éloge qu’il rendra à son ami, il affirmera que l’évêque émérite aura été «un prophète, un leader plus grand que nature», qui aura «amené le meilleur de l’Église à notre société».