C’est le vendredi 7 juillet que le Vatican a publié la liste complète des participants à la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, un événement qui se tiendra durant tout le mois d’octobre 2023.
Après une longue énumération de quelque 300 cardinaux, patriarches, archevêques et évêques, on découvre que le pape François a choisi et nommé comme membres du synode 70 non-évêques, des laïcs pour la plupart, soit dix délégués pour chacune des régions suivantes: l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, l’Asie, les Églises orientales et le Moyen-Orient, l’Europe et l’Océanie.
Tous et toutes ont été sélectionnés «principalement en raison de leur participation à divers titres au processus synodal et sont composés d’une moitié d’hommes et d’une moitié de femmes», a précisé le cardinal Mario Grech, le secrétaire général du synode, lors de la présentation de cette liste à la presse. Ces 70 délégués non-évêques auront droit de vote lors du synode sur la synodalité.
Parmi les dix personnes nommées pour l’Amérique du Nord, quatre sont du Canada. Ce sont deux universitaires, la théologienne Catherine Clifford et le politologue Sami Aoun, la religieuse Chantal Desmarais et l’administratrice scolaire Linda Staudt.
Présence a demandé à ces quatre délégués comment ils ont réagi à cette nouvelle. Voici les propos de Linda Staudt
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Plus tôt cette année, Linda Staudt, qui a fait carrière dans le milieu scolaire catholique de l’Ontario, avait appris que l’évêque de London Ronald Peter Fabbro avait inscrit son nom dans une liste de Canadiens et de Canadiennes qui pourraient peut-être participer au synode des évêques, un événement qui se tiendra au Vatican en octobre prochain.
«Je trouvais que c’était déjà un honneur que d’être sur cette liste diocésaine», avait-elle songé. Mais depuis, elle ne pensait plus à cette possibilité.
C’est pourquoi, au tout début du mois de juillet, elle fut si étonnée d’entendre, sur son répondeur téléphonique, la voix de l’abbé Jean Vézina, le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Il lui demandait de l’appeler rapidement à ses bureaux d’Ottawa. «Il m’a informée que le pape avait pris la décision» de la nommer déléguée au prochain synode, avec droit de vote en plus. «J’étais estomaquée», dit-elle.
Service
Il y a quelques années, lorsqu’elle a pris sa retraite du milieu scolaire, Linda Staudt, une catholique pratiquante, avait indiqué à l’évêque Fabbro, qu’elle aurait du temps à consacrer à son diocèse s’il y avait des besoins. Il lui répond que le pape vient de lancer un processus de consultation auquel il a convié chacun des diocèses du monde entier. L’évêque lui demande alors de co-diriger la phase diocésaine du synode puis de voir à la rédaction du rapport final qui sera acheminé à Rome.
Ce document est intitulé Ensemble sur la route, conversations pour une Église à l’écoute dans le diocèse de London. Il est paru le 18 juin 2022. Limité, comme tous les autres rapports diocésains, à seulement dix pages, le texte n’en révèle pas moins que les catholiques consultés «rêvent d’une Église mieux adaptée au monde contemporain».
Ils espèrent «une Église inclusive qui pardonne, accepte, se repent, est ouverte au changement, qui est dynamique, va de l’avant, soutient le bien-être des gens, est accueillante, compréhensive, transparente, réactive en temps de crise». Bref, «une Église unie par opposition à une Église qui divise, une Église qui soutient la guérison et la réconciliation».
Ces propos, Linda Staudt n’hésite pas à les endosser. Et en lisant avec minutie les rapports reçus des autres diocèses catholiques de l’Ontario, elle dit qu’elle a reconnu bien des similarités avec le document qu’elle a corédigé pour le diocèse de London.
Coresponsabilité
À Rome, en octobre, la déléguée entend rappeler aux participants, des évêques en grande majorité, que les catholiques veulent dorénavant être «coresponsables dans les ministères», dit-elle. «Non, ils ne veulent pas prendre le contrôle, mais ils ne veulent plus être mis de côté. Ils veulent être engagés dans la prise de décisions.»
Elle note que «beaucoup de laïcs consultés ont dit qu’ils ne savent pas comment s’y prendre» pour atteindre la coresponsabilité en Église. D’autres estiment «que leur apport n’est tout simplement pas le bienvenu», déplore-t-elle.
La seconde conviction que Linda Staudt entend partager dans un peu plus d’un mois est que les catholiques, tout comme la société, souhaitent «une Église davantage accueillante et inclusive».