Le Montréalais Frank Leo est devenu samedi le 11e archevêque (et le 14 évêque) de Toronto. C’est le pape François qui a nommé l’actuel évêque auxiliaire à Montréal à la tête du plus populeux diocèse catholique du Canada. Âgé de 51 ans, Mgr Leo est le plus jeune évêque catholique de rite latin au Canada.
Le même jour, le pape a aussi accepté la démission du cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto depuis 2007. Le cardinal Collins avait présenté sa démission en janvier 2022. (Selon l’article 401 du Code de droit canonique de 1983, tout évêque diocésain «est prié de présenter la renonciation à son office» dès qu’il atteint l’âge de 75 ans.)
Dans un communiqué de presse acheminé quelques instants après l’annonce officielle du Vatican, Mgr Leo a déclaré accepter cette nomination «avec une grande humilité».
«C’est une nomination des plus inattendues», indique celui qui a été ordonné évêque six mois plus tôt en la cathédrale de Montréal. «J’ai appris tout au long de mon sacerdoce et de mon service en Église que les plans spéciaux de Dieu pour nous se déroulent dans des moments inattendus qui conduisent à d’immenses bénédictions.»
«Nous perdons un collaborateur précieux qui a été depuis son début au service de la réalisation de la mission de notre Église diocésaine, en relevant plusieurs défis. Mgr Frank a entrepris ses mandats avec une grande diligence et intégrité. Je l’en remercie de tout cœur», a réagi l’archevêque de Montréal Christian Lépine.
Ordonné prêtre pour l’archidiocèse de Montréal en 1996, le nouvel archevêque de Toronto a joint le service diplomatique du Saint-Siège entre 2006 et 2012. À l’automne 2015, il a été nommé secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC). Son mandat à la conférence épiscopale a pris fin en 2021.
Sur Twitter
«Nos reconnaissances au cardinal Collins pour son long ministère en tant qu’archevêque, et nos félicitations et nos prières à l’archevêque désigné Frank Leo», a réagi lundi le réseau de télévision Sel et Lumière.
«Nos remerciements et nos prières au cardinal Thomas Collins pour ses années de dévouement à l’archidiocèse de Toronto, et nos prières de bienvenue au nouvel évêque Frank Leo, de Montréal. Que Dieu vous bénisse tous les deux», a écrit sur Twitter l’Opus Dei au Canada.
«Considérez-le comme un papabili dans les années à venir», a lancé le prêtre américain Edward Looney qui préside la Société mariologique d’Amérique (Mariological Society of America). Frank Leo est membre de cette association en plus d’être président et membre fondateur de la Société canadienne de mariologie.
Développement et Paix, l’organisme de coopération internationale fondé par les évêques canadiens en 1967, a aussi félicité le nouvel archevêque. «Votre nomination est une grâce pour l’archidiocèse de Toronto et les fidèles. Priant la Sainte Vierge pour vous, Développement et Paix a hâte de continuer à travailler avec vous pour les plus appauvris, comme nous l’avons fait à travers la CECC», a gazouillé l’organisme lundi matin.
Le tweet de Développement et Paix omet de mentionner que l’ex-secrétaire général de la CECC Mgr Leo et les dirigeants de l’organisme ont entretenu des relations plutôt conflictuelles, notamment lorsque des évêques ont accusé plusieurs partenaires financés dans les pays pauvres de ne pas respecter l’enseignement moral de l’Église, notamment sur les questions de l’avortement, de la contraception et de l’homosexualité.
«Avec cette déclaration [sur Twitter], Développement et Paix a choisi la ligne douce», estime un ex-employé de l’organisme, bien au courant de l’«affaire des partenaires», mais qui a refusé d’être identifié. Ex-directeur général de Développement et Paix, le théologien Fabien Leboeuf (décédé en novembre 2022) avait vertement dénoncé en 2018 un rapport «au ton arrogant et méprisant» que quatre employés de la CECC – dont le secrétaire général lui-même – avaient rédigé sur 52 partenaires du Sud, dont plusieurs organismes catholiques.
À l’époque, en tant que secrétaire général de la CECC, Mgr Frank Leo avait constamment refusé de répondre aux questions des médias sur cette affaire qui a miné la crédibilité de l’organisme et l’a plongé, de 2018 à 2021, dans une crise financière importante, en plus de fragiliser plusieurs organismes du Sud.