«Un jour, mes filles traverseront les mers», a déclaré Marie Rivier (1768-1838), cette religieuse française qui a été canonisée dimanche par le pape François.
C’est Angèle Dion, la supérieure provinciale des Sœurs de la Présentation de Marie du Québec, qui rappelle cette «prophétie» faite par la fondatrice de sa congrégation religieuse. Quinze années après son décès, en 1853, six religieuses de la Présentation de Marie ont effectivement traversé l’océan afin de s’installer à Sainte-Marie-de-Monnoir et d’y diriger aussitôt leur toute première école en Amérique du Nord.
La canonisation de Marie Rivier, «c’est un stimulant pour mieux faire connaître ici notre fondatrice», ajoute la supérieure provinciale. «Comme nous avons été présentes dans tant d’écoles depuis notre arrivée, bien de nos anciennes élèves ont entendu parler de Marie Rivier. Mais aujourd’hui, reconnaît-elle, nous sommes moins présentes après des jeunes.»
C’est pourquoi la congrégation entend profiter de la canonisation de sa fondatrice pour raconter son histoire et surtout celles de ses filles au Canada.
«La canonisation, c’est aussi un appel à vivre davantage notre propre engagement à la sainteté, là où nous sommes», dit sœur Dion. «Tout comme Marie Rivier s’est adaptée aux besoins de son époque, à nous aussi de développer de nouveaux élans.»
Les religieuses de la Présentation de Marie au Canada sont regroupées dans deux provinces. La province du Québec, dont Angèle Dion est la supérieure, compte 120 religieuses. Quarante religieuses font partie de la province de Prince Albert, dans l’Ouest canadien.
En devenant sainte, Marie Rivier devient un exemple à imiter.
«Et aujourd’hui, on a vraiment besoin de son exemple», dit sœur Lise Paquette, la supérieure de la province de Saint-Albert. Elle souligne que sa congrégation a été fondée durant la Révolution française, à une époque de grands changements. «Nous aussi, on vit de grands changements», ajoute-t-elle, bouleversée ces jours-ci, par la guerre qui se déroule en Ukraine.
Elle souhaite que les paroles de Marie Rivier soient entendues.
«Elle nous disait, alors qu’elle vivait elle-même de grandes difficultés, de faire silence et de prier. Et surtout, elle nous invitait à regarder constamment vers Jésus-Christ», dit sœur Paquette qui était présente dimanche à Rome et qui a aussi participé à la béatification de Marie Rivier en 1982, il y a quarante ans. «On a besoin d’entendre cela aujourd’hui.»
Charles de Foucauld
Le dimanche 15 mai 2022, un autre Français, Charles de Foucauld (1858-1916) a été canonisé. Militaire, explorateur puis un moine, l’homme deviendra ermite et ira vivre dans le désert algérien où il sera assassiné.
Le nouveau canonisé n’est jamais venu au Québec. De plus, il n’a pas fondé de congrégation religieuse qui s’y est implantée. Mais cela n’a pas empêché un collectif d’auteurs de publier, quelques semaines avant sa canonisation, un livre intitulé Charles de Foucauld au Québec. L’amour au cœur du quotidien aux éditions L’Harmattan.
«Charles de Foucauld aura été un vrai missionnaire, le premier à vivre au milieu d’une population, à renoncer à lui imposer sa culture et même à la convertir», dit Gilles Dugal, un des auteurs de cette publication. «Il nous a révélé que l’être humain est appelé à être un frère et une sœur pour l’autre. Charles de Foucauld, c’est le frère universel.»
Le Québec a une longue tradition d’hospitalité, fait-il observer. C’est pourquoi la vie de Charles de Foucauld a eu tant d’impact auprès de gens d’ici, déterminés à devenir eux aussi, souvent en milieux populaires, des «frères universels».
Bien que cet ermite, mort en Algérie, n’ait jamais mis les pieds au Québec, «notre livre raconte les 70 ans de présence Foucauld au Québec», explique-t-il. Ce sont des religieux, des religieuses, des prêtres, tous touchés par son message, mais aussi «des hommes et des femmes laïques qui ont été fascinés par sa spiritualité» et qui encore aujourd’hui se réunissent pour partager en petite communauté.
C’est le cas, par exemple, des Petites Sœurs de Jésus qui, depuis 1952, travaillent en milieu populaire.
«Elles ont travaillé en usine, elles ont pris soin de personnes sidatiques», sans jamais chercher à imposer leurs valeurs ou leur culture, note Gilles Dugal. Cinq autres congrégations ou instituts, inspirés par Charles de Foucauld, sont aussi présents au Québec. Ce sont la Fraternité Charles de Foucauld, la Fraternité sacerdotale, la Fraternité séculière Charles de Foucauld, les Petits Frères de Jésus et, de récente implantation, les Petits Frères de la Croix.