Une messe à la mémoire des deux petites victimes et en soutien aux enfants blessés et leurs familles s’est déroulée vendredi avant-midi à la paroisse Sainte-Rose-de-Lima. La tragédie survenue mercredi dans une garderie à Laval a secoué tout le Québec. La majestueuse église était remplie et rares étaient les places disponibles. Les différents intervenants ont su trouver les mots justes pour réconforter les proches et les fidèles rassemblés.
«Prendre un enfant par la main, pour soulager ses malheurs, tout doucement, sans parler, sans pudeur, prendre un enfant sur son cœur […]». C’est sur cette œuvre du chansonnier Yves Duteil que s’est ouverte cette célébration présidée par le curé de la paroisse, Michel Bouchard.
Dans l’assemblée, on pouvait voir des visages tristes et des larmes couler silencieusement. Parfois, des cris d’enfants venaient rappeler à tous que la vie est encore bien présente malgré la perte et la douleur. C’est ce qu’a d’ailleurs souligné le prêtre Claude Brissette, concélébrant, dans un poème qu’il a composé et qu’il a lu devant les personnes rassemblées.
«La mort violente d’un enfant c’est le mal absolu, une tristesse infinie. C’est un tremblement de terre qui écrase toute vie sous les ruines. C’est [aussi] une nouvelle étoile qui éclaire dans les cieux. C’est un chant d’espérance aux refrains si joyeux. Une lumière éblouissante, un sourire radieux, pour un matin de Pâques dans le ciel de Dieu», a-t-il déclamé au début de l’eucharistie.
L’espérance éprouvée
Dans son homélie, Michel Bouchard n’a pas hésité à lancer : «Le drame a éprouvé notre espérance! Nous sommes tous traumatisés!» Il a rappelé que les familles touchées directement par la tragédie vivent des «souffrances énormes».
Devant tant de douleurs, il s’est demandé : «Qu’est-ce que la vie? Quel est le sens de la vie? Nous ne comprenons pas. Nous nous posons des questions. Pourtant, les deux petits qui sont morts sont vivants! Ils sont en vie avec Dieu. Nous ne les voyons plus. C’est un vide. Mais ce vide est habité. Habité par la présence de Dieu qui vient consoler, réconforter. Nous avons tous réalisé que la vie est fragile. Mais la vie fragile de l’oiseau donne de la joie. Notre espérance, c’est la seule réponse que nous pouvons donner, car nous ne comprenons pas!»
Puis, le curé Michel Bouchard s’est demandé comment faire pour soutenir ceux et celles qui souffrent de problèmes de santé mentale. «Comment faire aussi pour soutenir la vie?»
À la fin de son homélie, il a offert une prière adressée à la Vierge Marie : «Dans ta tendresse maternelle, mets un baume sur le cœur de leurs parents et amis. Veille sur eux et adoucis leur peine. Berce les enfants jusqu’au jour de nos retrouvailles.»
Foi et solidarité
L’eucharistie s’est poursuivie sur l’autel où étaient posés un toutou en peluche et six chandelles (deux pour les enfants défunts et quatre pour les blessés). Au pied de l’autel, des dizaines d’autres animaux aux couleurs vives s’étalaient sur toute la largeur du transept.
Dans une entrevue accordée à Présence, le prêtre Claude Brissette a fait état des multiples rencontres qu’il a vécues avec des passants qui venaient prier ou méditer sur cette tragédie. « J’ai eu à dire Dieu par ma présence et par mes mots, pour leur faire savoir qu’il y a une porte, et que cette porte, c’est la foi. »
Pour sa part, Michel Bouchard, qui va célébrer les funérailles d’une des petites victimes qu’il a baptisée quelques années auparavant, tenait à rassembler la population touchée par le drame et ainsi offrir le soutien de la solidarité humaine. « Lorsqu’il y a un drame, cela nous rend plus solidaires alors que l’on devrait l’être continuellement », avance-t-il en entrevue.
À la sortie de la messe, le vent soufflait fort. La pluie fine et froide tombait du ciel. Les visages pourtant semblaient apaisés, réconciliés avec la vie…