Doit-on entretenir à grands frais deux grands séminaires au Québec? Dès que l’on s’intéresse aux coûts reliés à la formation des prêtres diocésains, cette question surgit de l’ombre.
«La question est incontournable actuellement. Elle se pose à différents niveaux au sein de l’Église», lance le recteur du Grand Séminaire de Québec, l’abbé Michel Poitras, au sujet de l’avenir de ces institutions de formation au Québec. «Je pense que dans les prochaines années nous allons devoir nous pencher sur cette question-là de la même manière que nous l’avons fait pour les paroisses», ajoute-t-il.
L’abbé Michel Poitras est favorable «à une recherche d’unification». Toutefois, il croit que les différences importantes entre les approches pédagogiques adoptées par les deux grands séminaires vont constituer un défi. «Je ne pense pas que le défi soit trop grand pour ne pas envisager l’unification et y travailler.»
Avantages et désavantages
De son côté, le recteur du Grand Séminaire de Montréal, le sulpicien Jaroslaw Kaufmann, analyse aussi cette éventualité.
«Cela dépend comment nous abordons la question. C’est certain qu’au niveau des coûts et de l’organisation, la centralisation serait beaucoup moins dispendieuse et beaucoup plus simple. De ces points de vue, l’unification est une possibilité avantageuse.»
Cela dit, le recteur du Grand Séminaire de Montréal souligne les différentes approches pédagogiques adoptées par les séminaires.
«Il y a des avantages et des désavantages dans toutes ces approches», selon lui. Bien qu’il ne dénote pas une volonté de fermer un des deux séminaires, il croit tout de même que «cette question doit être l’objet d’une réflexion que nous devrons éventuellement faire. En définitive, c’est aux évêques de décider du sort des Grands Séminaires.»
Pas pour demain
Germain Tremblay, secrétaire du comité « Ministères » de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, rappelle qu’il y a cinq ans environ une étude avait jugé que les deux séminaires étaient encore pertinents. Pour lui, plusieurs facteurs doivent être considérés lorsque nous abordons cette question. «Il y a bien sûr la question économique. Cependant, il y a également toute la dimension de la tradition perpétuée dans chacun des séminaires.» Selon M. Tremblay, « la réflexion sur l’avenir des deux séminaires devrait être relancée dans les prochaines années. Cependant, aucune date n’est avancée.»
«La décision ultime n’est pas pour demain», lance Mgr Raymond Poisson, évêque du diocèse de Joliette. Pour l’évêque, «tant que l’Université Laval est là pour offrir des cours, bien que le nombre de séminaristes soit très petit à Québec, le Grand Séminaire à tout ce qu’il faut pour former les candidats. Tant que le Grand Séminaire de Montréal recrute assez de candidats pour donner leurs cours, cela peut aller», croit-il. Malgré tout, Mgr Poisson est d’avis que la question de la pertinence de maintenir deux séminaires au Québec deviendra nécessaire, surtout pour ceux qui assument les coûts de leur fonctionnement.
Pour sa part, Étienne Pouliot, chargé d’enseignement à la Faculté de théologie de l’Université Laval, ne croit pas que la nécessaire réflexion qui doit accompagner ce genre de décision se réalisera. «Je n’ai pas l’impression que les discussions philosophiques, pédagogiques et méthodologiques vont avoir un impact important dans le processus décisionnel. La décision va être politique. Je ne suis pas très optimiste.»