On apprenait il y a quelques jours la fermeture de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Oui, l’entité «faculté» ne sera plus. Elle se convertira (pardonnez-moi) en Institut d’études religieuses au sein de la Faculté des arts et des sciences, à partir du 1er mai 2017. Fin d’une époque ou début d’une ère nouvelle?
Loin d’y voir un échec ou une mort annoncée, j’y perçois le reflet d’une évolution socioreligieuse et la capacité de s’adapter aux changements, pour vivre avec pertinence.
«Tu vas perdre la foi en étudiant la théologie!»
Je ne suis sans doute pas la seule à avoir entendu ce préjugé lancé aux personnes croyantes qui se destinaient à un parcours universitaire en théologie, qui plus est au sein de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal, entourée de soupçons: corps professoral majoritairement laïc, penchants progressistes, féministes…
Rassurez-vous. Je suis une fière diplômée de cette institution fondatrice de l’Université de Montréal. Je n’y ai pas perdu la foi, loin de là.
La théologie a été un coup de foudre, kaléidoscope des religions, des sociétés et de l’interdisciplinarité.
J’y ai acquis des connaissances et des compétences pour mieux comprendre, analyser et m’engager. Je dois en bonne partie à la Faculté la maturation de ma foi, mon autonomie et mon équilibre comme croyante et intervenante auprès de personnes en quête de sens, en quête de croire.
Étudiante au baccalauréat de 2001 à 2004, je suis aussi de ce qui aura sans doute été la dernière cohorte des études spécialisées en théologie (bible, théologie pratique…), avant que la Faculté ne prenne acte des effets de la déconfessionnalisation et du déclin démographique des croyants. Difficile d’offrir des cours sur des livres bibliques particuliers alors que la notion d’Ancien et de Nouveau Testaments avait peu d’écho chez la génération montante, ou de former à l’animation paroissiale des étudiants dont l’intérêt se portait plutôt sur les grandes religions. Conséquemment, les besoins des diocèses pour une formation continue (offerte à leur personnel pastoral inscrit à temps partiel dans des campus satellites) ne trouvant plus réponse dans l’offre de cours plus généraliste, des institutions autres que la Faculté ont pris le relais d’une formation à l’animation de la vie chrétienne dans ses réalités ecclésiales.
Signes des temps
La conversion de la Faculté en Institut d’études religieuses axées sur la théologie, les sciences des religions et les études en spiritualité me paraît être une réponse pertinente aux «signes des temps». À mon avis, c’est par l’interdisciplinarité et les liens avec l’éducation, par le dialogue interreligieux ou interspirituel que l’attrait pour la théologie et les sciences des religions peut reprendre un essor, notamment chez les jeunes adultes empreints des enjeux sociaux du vivre-ensemble, des questions de radicalisation religieuse et du besoin de mieux connaître les phénomènes religieux, leurs sources et leurs dérives.
Au carrefour de l’actualité et des pratiques d’intervention dans une diversité de milieux, l’Institut a le potentiel de devenir un laboratoire de réflexion et de référence académique. Il sera intéressant de voir si et comment une complémentarité de formation émerge avec d’autres institutions dans le paysage catholique. Car la théologie n’est pas morte. Elle ressuscite.