En interdisant «aux personnes travaillant dans la santé et l’éducation de porter les signes et les vêtements qui manifestent leur appartenance religieuse», le projet de loi 21 va beaucoup trop loin, estiment quarante supérieurs de congrégations religieuses québécoises.
Dans une lettre acheminée le 16 mai au ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Simon Jolin-Barrette, le ministre provincial des capucins, le frère Louis Cinq-Mars, dit même craindre «que ces restrictions n’entravent un vivre ensemble harmonieux dans la société québécoise».
La lettre du capucin, qui est l’actuel président de la Conférence religieuse canadienne, est cosignée par près de quarante supérieurs de congrégations religieuses, certaines présentes au Québec depuis les débuts de la colonie. Les supérieurs rappellent au ministre Jolin-Barrette que, dans les années 1960 et 1970, «les personnes appartenant à des congrégations religieuses féminines et masculines du Québec ont généralement délaissé leur costume religieux. Cependant, nos membres ont pris cette décision de leur propre initiative sans y être obligés par l’État ou par qui que ce soit d’autre.»
Toutefois, indiquent les signataires, «nous ne voyons ni l’urgence ni la nécessité du projet de loi actuel surtout quand ce dernier entend obliger certains de nos concitoyens et concitoyennes à retirer des signes religieux faisant partie intégrante de leur identité».
Disant adhérer aux principes de base du projet de loi, «à savoir la neutralité religieuse de l’État, l’égalité femmes-hommes et le devoir d’impartialité de la magistrature», les signataires estiment toutefois que la pièce législative «va à l’encontre» de l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le projet de loi 21 «empiète sur un droit fondamental que doivent garantir nos sociétés démocratiques», écrivent-ils.
À la fin de leur lettre, les signataires déplorent «que jusqu’à présent aucun groupe religieux n’ait été invité à prendre la parole dans les étapes de cheminement du projet de loi».
«Nous croyons que cette ouverture au dialogue est une étape fondamentale qui éclairerait la réflexion des élues et élus.»
Notons qu’un groupe juif a été invité, mais aucun groupe catholique.
Parmi les signataires de cette lettre collective, on trouve les supérieurs des Frères de l’instruction chrétienne, des Clercs de Saint-Viateur, des Missionnaires de l’Immaculée Conception, des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, des Sœurs de la Providence, des Rédemptoristes, des Sœurs grises de Montréal et des Ursulines de l’Union canadienne.
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