«C’est un devoir de rappeler la mémoire des victimes juives de l’Holocauste», a déclaré la pasteure Rosemary Lambie, ministre exécutive du Conseil régional Nakonha:ka de l’Église Unie du Canada. «Il faut aussi éduquer nos communautés de foi afin qu’une telle tragédie ne se répète plus jamais», a-t-elle ajouté, le dimanche 11 avril 2021, dès le début de la Commémoration chrétienne de la Shoah, une cérémonie annuelle organisée par le Dialogue judéo-chrétien de Montréal.
«En Chine, à l’heure actuelle, les musulmans Ouïghours vivent un génocide des temps modernes», a ensuite déploré la rabbin Sherril Gilbert. «Comment une telle tragédie peut-elle encore arriver? N’avons-nous donc rien appris du passé?», a-t-elle demandé.
La rabbin Gilbert reconnaît que si «bon nombre des leçons de l’Holocauste sont particulières aux juifs», ce sont aussi des leçons universelles.
«En plus d’apprendre et de se souvenir des faits de l’histoire de l’Holocauste», comme c’est le cas chaque année lors des diverses commémorations de cette tragédie, «il est essentiel de reconnaître l’impulsion humaine au génocide, comment et pourquoi débute un génocide, quels outils il emploie pour persuader et les conséquences connues du silence».
Un silence devenu aujourd’hui inadmissible. Car «ce n’est plus le temps de se taire», a-t-elle lancé, le dimanche 11 avril, au pupitre de l’Église Unie de Montréal-Ouest. La 42e Commémoration chrétienne de la Shoah était retransmise sur la chaîne YouTube de cette paroisse. L’événement s’est déroulé presqu’entièrement en anglais.
Lors de cette cérémonie, une survivante de l’Holocauste, a témoigné de ce qu’elle a vécu, en Pologne, après avoir été séparée de sa mère au moment où celle-ci était déportée vers Treblinka. La jeune Eva Kuper, née en 1940, a été confiée à une parente puis à une religieuse franciscaine. Cette religieuse, qu’elle va retrouver 60 ans plus tard, «a non seulement sauvé ma vie mais elle m’a aussi aimée», a-t-elle dit, avec émotion, dimanche.
Après la guerre, Eva Kuper rejoint son père. La famille s’établit à Montréal en 1949. Ce n’est toutefois qu’en 2005 que Mme Kuper a retrouvé sœur Klara Jaroszynska, alors âgé de 94 ans. Désormais aveugle, la franciscaine répétait, lors de leur rencontre, «que c’est Dieu qui m’avait ramenée à elle».
Après son témoignage, la traditionnelle cérémonie d’allumage de bougies en souvenir des victimes de la Shoah a été conduite par la rabbin Sherril Gilbert et le pasteur montréalais Mark Hammond.
Enfin, au terme de cette commémoration, l’ex-député et ministre Irwin Cotler, aujourd’hui envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, a déploré que l’expression «Plus jamais», lancée après que l’humanité ait pris connaissance des horreurs de l’Holocauste, soit devenue aujourd’hui «encore et encore». Il a appelé tous les citoyens, peu importe leurs convictions religieuses, à travailler ensemble, à agir, à demander justice. Ce n’est «pas le temps de se taire», a-t-il déclaré.
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