«Avec les oblats, elle est terminée la négociation. Ce fut une grosse perte de temps. On attend maintenant le procès», assure l’avocat Alain Arsenault.
Questionné sur les différentes actions judiciaires qu’il mène au nom des victimes qui allèguent avoir subi des agressions de la part de prêtres diocésains et de membres de communautés religieuses, l’avocat est tranchant dans le cas du dossier des Missionnaires oblats de Marie Immaculée.
«Cela a pris un an et demi pour en arriver à la conclusion que, quant à nous, on perdait notre temps», lance-t-il.
«Dans notre jargon, on dit qu’on a cassé la conférence de règlement», ajoute Me Arsenault sur ces négociations qui avaient été entamées avec les oblats aussitôt après le dépôt de l’action collective contre la congrégation.
En mars 2018, Le Journal de Montréal avait publié un reportage qui alléguait que le missionnaire Alexis Joveneau, un oblat originaire de la Belgique qui a vécu à La Romaine (Unamen Shipu), en Basse-Côte-Nord, de 1953 jusqu’à son décès en 1992, aurait commis des agressions sexuelles.
Peu après la diffusion, sur plusieurs jours, de cette enquête journalistique, Me Arsenault avait déposé une demande de recours collectif au nom de «toutes les personnes, de même que leurs héritiers et ayant droit, ayant été abusées sexuellement par tout religieux, membre ou employé des Missionnaires oblats de Marie Immaculée entre le 1er janvier 1950 et le 31 décembre 2018».
Les oblats avaient immédiatement «condamné sans équivoque tout abus sexuel et physique, passé ou présent, par les membres de leur congrégation». et indiqué «tenter de trouver une solution au litige par le biais d’une conférence de règlement à l’amiable présidée par une juge de la Cour supérieure du Québec».
C’est le 19 juin 2020 que les avocats des victimes «ont constaté l’échec de ces discussions», indique la demande d’action collective modifiée qui a été présentée au palais de justice de Montréal le 31 juillet 2020.
Déterminés à parvenir à un règlement
Supérieur provincial de la province oblate Notre-Dame-du-Cap, Luc Tardif ne souhaite pas «commenter la lecture de la situation» faite par l’avocat des victimes. Mais il tient à redire que les oblats «souhaitent, espèrent et sont toujours déterminés à parvenir à un règlement à l’amiable».
Cela, «dans l’intérêt des victimes et dans l’intérêt de la justice», ajoute-t-il. «Au nom de la compassion pour ces victimes», il est hors de question, tant pour le père Tardif que pour les oblats, de «renoncer à travailler dans cette direction.»
Depuis le dépôt initial de l’action collective, en mars 2018, quelque «190 personnes se sont adressées aux procureurs [le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats] afin de dénoncer des agressions sexuelles dont elles ont été victimes de Ia part de religieux, membres ou employés» de la congrégation religieuse. Sur ce nombre, «58 personnes […] se sont plaintes d’agressions sexuelles par le père Alexis Joveneau», indique la requête modifiée.
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