«Nous éprouvons de la honte devant les révélations récentes concernant les péchés de commission et d’omission commis par certains de nos frères dans l’épiscopat», a déclaré hier Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil, aux quelque quatre-vingt-dix évêques, archevêques et cardinaux qui participaient à l’assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).
Sans mentionner quels «frères dans l’épiscopat» étaient visés, Mgr Gendron, actuel président de la CECC, a longuement évoqué les scandales des agressions sexuelles qui accablent l’Église catholique dans plusieurs pays du monde – y compris le Canada – dans le rapport qu’il a présenté dès le début de la rencontre annuelle des évêques canadiens.
Réagissant officiellement au contenu de l’enquête d’un grand jury de Pennsylvanie, aux États-Unis, sur les agressions commise par 301 prêtres de six diocèses de cet État contre au moins 1000 enfants, Mgr Gendron a déclaré que ces faits relatés l’ont choqué «non seulement à cause des récits horrifiants d’abus perpétrés contre tant des plus petits du Christ, mais à cause de la culture du secret, du privilège clérical et du souci mal placé pour l’image publique de l’Église au détriment du bien-être de ceux que le Christ nous commande de protéger».
«Il ne semble pas que ces fautes soient commises uniquement dans les diocèses de Pennsylvanie ou aux États-Unis», a-t-il ensuite lancé, en levant la tête et en promenant son regard sur les membres de l’assemblée réunis à Cornwall, en Ontario.
Un brasier
L’évêque de Saint-Jean-Longueuil n’a pas hésité à comparer ces scandales et leurs révélations à un énorme brasier qui peut, malgré les souffrances et la désolation, s’avérer un moment de purification.
«Le feu dévorant dans l’Église d’aujourd’hui peut sembler hors de notre contrôle, et, dans certains cas, il brûle ce qui nous est cher. Mais pendant qu’il brille avec éclat, il nettoie et purifie, et il jette ainsi de la lumière sur ce qui était caché dans les ténèbres jusqu’à maintenant.»
«Quand il y a du feu, notre premier réflexe est souvent d’essayer de l’éteindre pour prévenir des dommages. Dans le cas présent, toutefois, nous avons peut-être besoin de laisser ce feu continuer de brûler», a-t-il ajouté.
Pour le président de la CECC, «l’œuvre de construction de l’édifice sacré est maintenant mise à l’épreuve, et ce qui a été posé sur une autre fondation que Jésus-Christ sera à juste titre trouvé en défaut et devra être reconstruit».
Une semaine après la publication du rapport du grand jury de Pennsylvanie, le bureau de direction de la conférence épiscopale avait indiqué, dans une brève déclaration, que «les évêques du Canada traitent avec le plus grand sérieux les cas d’abus sexuel de personnes mineures et la conduite déplacée de tout responsable de la pastorale, qu’il s’agisse de confrères évêques, d’autres membres du clergé, de personnes consacrées ou de laïques».
Lignes directrices
Lors de la lecture de son rapport annuel d’activités à titre de président de la CECC, Mgr Lionel Gendron a aussi indiqué que les évêques canadiens recevront cette semaine des lignes directrices visant à appuyer leurs «efforts pour prévenir les abus sexuels, pour répondre aux plaintes et pour promouvoir la guérison des victimes». Ce guide, auquel un comité de la conférence épiscopale travaille depuis 2011, sera présenté aux évêques lors d’une séance à huis-clos. Ce document sera rendu public d’ici peu, a promis Mgr Gendron.
La publication depuis longtemps attendue du document Protection des personnes mineures contre les abus sexuels ne mettra pas un terme aux responsabilités des évêques dans ce dossier, a toutefois averti le président de la CECC.
«En tant que disciples missionnaires et successeurs des Apôtres, responsables du troupeau du Christ, nous devons accompagner ceux de nos fidèles qui sont blessés. Nous devons aussi accompagner ceux qui sont scandalisés et découragés. Et nous devons, sans défaillir, défendre la vérité, qui seule peut nous rendre libres.»