L’animateur radiophonique Dominic Maurais et ses avocats ont déposé ce matin au palais de justice de Trois-Rivières une demande d’autorisation afin d’intenter une action collective contre le diocèse de Trois-Rivières.
L’animateur de Maurais Live à la station CHOI Radio X allègue qu’il était âgé de 11 ans lorsque l’abbé Bernard St-Onge, l’aumônier paroissial du mouvement scout, lui aurait fait des attouchements sexuels pour la première fois. Ce n’est que trois années plus tard, en 1980, que le jeune Dominic Maurais a révélé à ses parents, qui estimaient beaucoup ce prêtre, les nombreuses agressions sexuelles dont il avait été victime.
En décembre 2012, l’abbé St-Onge a plaidé coupable à 12 des 13 chefs d’attentat à la pudeur dont il avait été accusé un an plus tôt. Les faits impliquaient alors six victimes, dont Dominic Maurais. Le prêtre a été condamné à six mois d’emprisonnement. Il est décédé peu après, le 23 juillet 2013.
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Le recours collectif déposé aujourd’hui contre le diocèse de Trois-Rivières reproche l’inaction des autorités «qui se devaient d’enquêter et de sévir». Alors que l’article 1395 du Code de droit canon indique qu’un prêtre qui a commis «un délit contre le sixième commandement du Décalogue» doit être puni ou même renvoyé de l’état clérical, le diocèse et l’évêque auraient plutôt «choisi d’ignorer leur propre droit interne pour faire prévaloir la culture du silence», indique la demande d’action collective.
Toutes les personnes qui, comme Dominic Maurais, auraient été agressées sexuellement, entre 1940 et aujourd’hui, par des membres du clergé diocésain, des employés ou encore des bénévoles sous la responsabilité de ce diocèse sont invitées à se manifester «en toute confidentialité», a indiqué Me Alain Arsenault, du cabinet montréalais Arsenault Dufresne Wee Avocats.
Lors d’une conférence de presse tenue dans un hôtel de Trois-Rivières, Me Arsenault a aussi déclaré que le dépôt de ce recours collectif était «un grand jour pour toutes les victimes qui sont à la recherche de la vérité».
Présent à cette conférence de presse, Dominic Maurais, qui a aussi été chroniqueur au Journal de Québec, a lu une déclaration. «Être agressé sexuellement est une épreuve terrible», a-t-il expliqué. «C’est une épreuve qu’aucune personne et surtout aucun enfant ne devrait avoir à vivre.»
Selon lui, «le diocèse aurait dû en faire plus pour protéger» les jeunes dont ce prêtre avait la responsabilité. «Le diocèse a laissé notre agresseur au contact des enfants. Le diocèse a tenté de camoufler les agressions. Le diocèse a été complice.»
Celui qui sera le représentant des victimes dans ce recours collectif espère que «cette fois le diocèse saura adopter une position plus chrétienne face à notre demande de réparation».
M. Maurais réclame une somme totale de 600 000 $ pour dommages non pécuniaires, pertes financières et dommages punitifs. Les autres victimes qui se manifesteront recevront une somme qui sera déterminée par le tribunal si l’action collective est autorisée puis acceptée.
Outre le diocèse de Trois-Rivières, le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats mène des actions collectives pour agressions sexuelles contre la congrégation de Sainte- Croix et l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, les Oblats de Marie-Immaculée, les Frères des écoles chrétiennes, les Frères de Saint-Gabriel, les Religieux de Saint-Vincent de Paul, les archidiocèses de Montréal et de Québec ainsi que les diocèses de Joliette et de Saint-Jean-Longueuil.
«Plus de 800 victimes se sont inscrites» depuis que ces recours ont été annoncés, indique le cabinet d’avocats.
«Le diocèse de Trois-Rivières prend acte de la demande qui vient d’être déposée et prend cela au sérieux», a commenté Mélanie Charron, la coordonnatrice de la pastorale d’ensemble et des communications, peu après la conférence des presse. Le diocèse va collaborer avec la justice, assure-t-elle, mais «n’émettra aucun autre commentaire puisqu’un processus judiciaire est en cours».
La coordonnatrice indique aussi que le diocèse de Trois-Rivières a déjà «mis en place des mesures pour la prévention des abus, l’accueil et l’accompagnement des victimes».
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