Quatre actions collectives ont été déposées le jeudi 12 décembre contre autant d’institutions religieuses pour des motifs d’agressions sexuelles contre des mineurs.
L’avocat Alain Arsenault, dont le cabinet juridique Arsenault Dufresne Wee Avocats représente déjà des victimes des Oblats de Marie-Immaculée, des Clercs de Saint-Viateur et de la Congrégation de Sainte-Croix, a demandé à la Cour supérieure du Québec d’autoriser des actions collectives contre deux diocèses québécois et deux congrégations religieuses.
Les diocèses de Saint-Jean-Longueuil et de Joliette ainsi que les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul et les Frères de Saint-Gabriel sont visés.
Dans le cas de l’action collective déposée contre les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, un homme âgé de 60 ans indique qu’il y a cinq décennies, il aurait été agressé à plusieurs reprises par un religieux prêtre au Patro de Jonquière. Le prêtre était «l’organisateur de toutes sortes d’activités qui devenaient pour lui des occasions pour commettre des attouchements sexuels».
La requête ne mentionne pas si le prêtre, qui a prononcé ses vœux en 1946, est toujours vivant. Le père Jean-Claude Arseneault, supérieur provincial des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul n’avait toujours pas répondu, vendredi midi, à nos demandes d’informations supplémentaires.
L’action collective contre les Frères de Saint-Gabriel rendue publique hier allègue qu’un homme, aujourd’hui âgé de 67 ans, aurait été agressé par un religieux, infirmier à l’Orphelinat Saint-Arsène de Montréal où il a été recueilli. Ce religieux, surnommé frère Tic-Tac, aurait attouché sexuellement la jeune victime, alors âgée de 11 à 13 ans, une dizaine de fois au milieu des années 1960.
À midi aujourd’hui, le frère René Delorme, responsable provincial, n’avait toujours pas accepté de commenter l’action collective déposée hier par la firme Arsenault Dufresne Wee Avocats.
Dans la requête déposée contre le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, il est allégué qu’un prêtre ayant œuvré notamment à Saint-Bruno-de-Montarville aurait agressé un enfant une douzaine de fois au milieu des années 1980. La victime, qui était alors âgée de 7 à 9 ans, réclame du diocèse une somme totale de 600 000 $ en dommages punitifs, pécuniaires et non pécuniaires.
Les avocats du plaignant mentionnent qu’au moins trois autres victimes d’agressions sexuelles de prêtres ou de membres du personnel travaillant à l’intérieur des limites du diocèse de Saint-Jean-Longueuil se sont manifestées. L’identité de ces deux prêtres ou agents de pastorale n’est pas mentionnée dans la requête.
Vendredi, les autorités diocésaines ont déclaré prendre «très au sérieux ces allégations» et condamner «vigoureusement les actions qui sont mentionnées» dans les documents judiciaires déposés jeudi à la Cour supérieure du Québec. «Le diocèse de Saint-Jean-Longueuil offre sa pleine collaboration aux autorités pour faire la lumière sur ces allégations.»
Le diocèse rappelle que dès 1991, il a adopté une «politique régissant les cas de délits sexuels commis par des ministres ordonnés et des agents de pastorale envers des personnes mineures».
Cette politique, mise à jour récemment, «manifeste notre engagement à soutenir les victimes d’agressions sexuelles commises par des membres du clergé, du personnel pastoral laïc ou d’autres employés ou bénévoles relevant du diocèse, et à traiter les allégations de manière responsable, pastorale et transparente», indique un communiqué de presse diffusé tôt ce matin.
«Par respect pour le processus judiciaire, le diocèse de Saint-Jean-Longueuil n’émettra pas d’autre commentaire pour le moment.»
Enfin, la quatrième demande d’autorisation afin d’exercer une action collective qui a été déposée hier concerne le diocèse de Joliette et un de ses prêtres. Ordonné à la prêtrise en 1943, l’abbé aurait enseigné au séminaire de Joliette pendant près de vingt ans et aurait ensuite œuvré en milieu paroissial et dans le mouvement scout.
La victime mentionne que les agressions sexuelles qu’il a subies alors qu’elle était âgée de 7 à 10 ans «se déroulaient généralement dans la chambre de l’abbé».
Le diocèse a réagi en milieu de journée en indiquant que «Mgr Corriveau entend offrir sa pleine collaboration pour faire toute la lumière sur ces allégations».
Il rappelle que le diocèse s’est doté en 1994 d’une politique d’intervention dans les cas d’abus sexuels et que cette politique a été révisée en 2014. On y insiste notamment sur «l’importance» de soutenir les victimes.
«Par respect envers le processus judiciaire, Mgr Louis Corriveau n’entend pas émettre d’autres commentaires pour le moment», a-t-il précisé.
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