Mgr Jean-Pierre Blais. évêque du diocèse de Baie-Comeau, refuse de commenter les allégations d’agressions sexuelles commises par un missionnaire dans une des paroisses du diocèse qu’il dirige depuis décembre 2008.
Invité dès mercredi à réagir aux premiers témoignages entendus lors des audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, Mgr Blais a demandé aux médias de contacter plutôt les Oblats de Marie-Immaculée, la congrégation religieuse dont était membre le père Alexis Joveneau.
Cet oblat originaire de Belgique a vécu à La Romaine (Unamen Shipu), en Basse-Côte-Nord, de 1953 jusqu’à son décès en 1992. Depuis le début des audiences de la commission d’enquête au Centre communautaire de Maliotenam, quatre Innues ont déclaré avoir été agressées sexuellement par le père Joveneau alors qu’elles étaient encore des jeunes filles. Une femme a mentionné avoir été agressée alors qu’elle allait rencontrer le missionnaire pour une confession.
«Il n’y aura pas de déclaration de notre part étant donné que ce sont les Oblats de Marie-Immaculée qui répondent aux médias», a répondu le diocèse de Baie-Comeau au lendemain des premières allégations.
Les oblats ont émis une déclaration le 29 novembre à propos des témoignages entendus lors des audiences publiques. Ils se disent «profondément préoccupés et affligés» devant ces allégations et répètent qu’ils «condamnent vigoureusement toute forme de violence physique ou psychologique».
L’agence de relations publiques qui gère les communications des oblats durant cette crise a précisé qu’elle n’était pas autorisée à parler au nom de l’évêque du diocèse de Baie-Comeau.
Mais mercredi, de nouvelles allégations ont été formulées à l’encontre du père Joveneau.
L’agence de presse Présence a de nouveau demandé à discuter avec Mgr Jean-Pierre Blais afin de savoir s’il avait l’intention de se rendre à La Romaine dimanche, lors de la messe, afin de réconforter les membres de la communuté chrétienne et s’il avait un message à transmettre aux victimes présumées. Le service des communications du diocèse a refusé de répondre à ces questions. «Je te donne la même réponse qu’hier. Je ne réponds plus», a rétorqué la responsable des communications du diocèse, Christine Desbiens, avant de mettre fin abruptement à la conversation.
C’est l’évêque de Labrador City-Schefferville, Mgr Henri Goudreault, qui a présidé le 28 décembre 1992 les funérailles d’Alexis Joveneau à La Romaine. La paroisse Marie-Reine-des-Indiens, qu’a dirigée le missionnaire oblat durant près de quarante ans, faisait partie de ce diocèse. En 2007, à la dissolution du diocèse de Labrador City-Schefferville, la paroisse de La Romaine était confiée au diocèse de Baie-Comeau.
Politique ecclésiale pour la protection des mineurs
La Conférence des évêques catholiques du Canada, dont est membre Mgr Blais, n’a toujours pas publié la nouvelle version de sa Politique pour la protection des personnes mineures. L’adoption par le Vatican de nouvelles normes en matière de protection des enfants a rendu nécessaire la révision des politiques actuelles de la conférence épiscopale, avait indiqué, en 2016, Mgr Anthony Mancini, archevêque d’Halifax-Yarmouth et président du Comité ad hoc responsable de la rédaction de ce document.
Cette politique, qui était annotée en septembre 2017 par des avocats, des psychologues, des psychiatres et des assureurs, doit notamment indiquer quelles sont les responsabilités des différents intervenants écclésiaux lorsque des personnes allèguent avoir été victimes d’abus sexuels par des responsables de paroisses ou d’institutions catholiques.
«C’est un document qui met la protection des jeunes comme une responsabilité essentielle des évêques en tant que responsables de l’Évangile et l’Église», avait-il expliqué.