Dans son rapport annuel qui détaille les nombreuses violations des droits humains dans le monde, Amnistie internationale documente plusieurs atteintes spécifiques à la liberté de religion et de conviction dans quelque 150 pays.
Dans le chapitre consacré au Canada, les manquements observés sont davantage liés aux conditions de vie des membres des Premières Nations – le décès de l’Atikamekw Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette a été relevé – et à l’accueil des personnes réfugiées.
Toutefois, le rapport annuel de cet organisme de défense des droits humains mentionne spécifiquement la Loi sur la laïcité de l’État, votée par l’Assemblée nationale en juin 2019.
Amnistie internationale indique que cette loi soulève toujours «des inquiétudes en termes d’égalité des genres, de discrimination, de liberté de culte et de liberté d’expression».
«Il est possible d’interdire des signes religieux, mais cela doit se faire sous certaines conditions», explique France-Isabelle Langlois, le directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone.
«Le législateur, dans ce cas-ci le gouvernement du Québec, doit prouver que les signes religieux contreviennent à d’autres droits ou encore entravent la santé des personnes qui les portent. Il doit faire la preuve qu’il a raison d’intervenir.»
Mais avant que le projet de loi 21 ne soit adopté, le gouvernement de François Legault n’a jamais pas fait cette preuve, estime-t-elle.
France-Isabelle Langlois croit aussi que la Loi sur la laïcité de l’État, en interdisant à des fonctionnaires de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions, est discriminatoire envers des femmes, et notamment envers les musulmanes qui choisissent de porter le voile.
«On brime leur droit à un travail et à une vie active et on les retire d’un milieu social où elles pourraient s’épanouir», déplore la directrice générale de la section canadienne d’Amnistie internationale.
Liberté de religion
Les 500 pages du rapport annuel d’Amnistie internationale font état de nombreuses violations envers des groupes religieux minoritaires ou d’atteintes à la liberté de religion et de conviction.
En 2020, en Chine, le gouvernement a poursuivi sa politique d’enlignement des «pratiques et enseignements religieux sur l’idéologie étatique» et a renforcé son contrôle sur tous les groupes religieux présents dans ce vaste pays. «Les activités religieuses au Xinjiang et au Tibet restaient durement réprimées par le pouvoir central», écrit-on.
En Égypte, «les chrétiens faisaient toujours l’objet de discriminations en droit et en pratique», indique aussi le rapport annuel. «Leur droit de construire ou de réparer des églises continuait de faire l’objet de restrictions en vertu d’une loi de 2016 instaurant l’obligation d’obtenir à cette fin une autorisation des services de sécurité et d’autres organes de l’État.»
La liberté de religion et de conviction est systématiquement bafouée en Iran, déplore Amnistie internationale. «Les autorités continuaient d’imposer aux personnes de toutes les confessions, ainsi qu’aux athées, des codes de conduite s’appuyant sur une interprétation stricte de l’islam chiite.»
La liberté religieuse serait-elle aujourd’hui davantage menacée? France-Isabelle Langlois, la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, reconnaît qu’en matière de droits, on observe constamment des reculs et des avancées.
Mais ce qui est certain, dit-elle, c’est qu’en ce moment «il y a des mouvements religieux extrémistes qui occupent beaucoup d’espace». Et que les premières victimes de ces courants sectaires «sont des personnes de leur propre religion». Elle déplore aussi que dans des pays arabo-musulmans bien «des chrétiens et des juifs soient victimes d’exactions et poussés à l’exil».
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