Déterminé à «éradiquer le fléau des abus et des agressions sexuelles dans le diocèse de Montréal et dans l’Église», l’archevêque Christian Lépine a expliqué aujourd’hui que plus de la moitié des 31 recommandations émises en novembre 2020 par la juge Pepita G. Capriolo, dans son Rapport de l’enquête relative à la carrière de Brian Boucher au sein de l’Église catholique, ont été mises en œuvre.
La «plus notable» des recommandations de ce rapport, «la création d’un poste d’ombusdman indépendant», a même été officiellement lancée ce mercredi 5 mai. En conférence de presse, l’archevêque de Montréal a dévoilé que c’est l’avocate Marie Christine Kirouack, qui possède une longue expérience en droit familial et en intervention de crise, qui a hérité de cette «lourde responsabilité». Sa tâche sera de recevoir toutes les plaintes d’abus et de comportements inappropriés commis par des prêtres, des membres du personnel pastoral, des employés de l’archevêché ainsi que des bénévoles de l’archidiocèse de Montréal.
Présente lors de la conférence de presse, la juge à la retraite Capriolo a d’abord insisté sur le fait que ce poste d’ombudsman est confié à «une personne laïque, complètement indépendante de l’Église».
Elle a aussi expliqué que les plaintes recevables ne seront pas limitées aux seuls abus sexuels. «Toutes les formes d’abus seront prises au sérieux», ce qui comprend les abus psychologiques, physiques, spirituels et financiers. De plus, les dénonciations de comportements inappropriés comme prononcer une homélie raciste ou misogyne, faire des crises de colère ou se présenter à l’église ou dans une réunion un état d’ébriété, seront aussi reçues par l’ombudsman.
Dans un délai de 24 heures, l’ombudsman devra acheminer toutes les plaintes d’abus reçues aux membres d’un comité consultatif, qui doit se réunir dans un délai d’au plus sept jours et qui fera des recommandations à l’archevêque comme la nécessité de mener une enquête indépendante, le retrait de tout ministère au prêtre qui fait l’objet de la plainte, la suspension d’un employé ou encore la fermeture du dossier.
Dans le cas de comportements inappropriés, c’est le vicaire général ou le directeur de l’Office du personnel pastoral qui recevra la plainte et qui devra réagir dans un délai de 48 heures. C’est toujours l’ombudsman qui fera le lien entre la victime et les instances religieuses.
«Toutes les personnes qui me contacteront seront reçues avec déférence et écoute», a déclaré Me Kirouack. Elle a précisé qu’elle «ne forcera personne à porter plainte» mais que «si la personne le désire», son travail sera «de recueillir sa plainte et d’en assurer le suivi». Elle assure aussi qu’elle accompagnera les victimes ou plaignants tout au long du processus. «Je serai disponible si une personne désire que je l’accompagne pour porter plainte à la police ou pour être à ses côtés durant un procès canonique ou criminel», a-t-elle ajouté.
«J’invite toute personne ayant été victime d’actes inappropriés à communiquer sans tarder avec l’ombudsman», a déclaré Mgr Christian Lépine. Il a ensuite insisté pour rappeler que tous les citoyens, les membres du personnel et les membres du clergé «ont la responsabilité et l’obligation de dénoncer à l’ombudsman toute situation qui constitue un abus ou qui pourrait en être un». Et cela peu importe le moment où l’événement se serait produit. «Il n’y a aucune limite de temps», a dit Me Kirouack. «L’appel pourra concerner des événements qui se sont produits il y a 30 ans.»
Pour rejoindre l’ombudsman, on doit signaler le 514 PLAINTE (514 752-4683) ou écrire à l’adresse .
À 17 h 23, le 5 mai, le journaliste de Présence a composé ce numéro d’urgence afin de vérifier l’efficacité du service. C’est Me Marie Christine Kirouack elle-même qui a répondu après deux sonneries. «Répondrez-vous 24 heures par jour?», s’est-il inquiété. «Non, j’ai une équipe avec moi», a répondu, sans hésitation, l’ombudsman.
Plus tôt, lors de la conférence de presse, Me Kirouack a réagi tout aussi promptement à une question sur ses liens avec l’Église catholique. «Ma réponse sera bien simple. Je n’ai aucun lien avec l’Église catholique. Je suis juive.»
***